Extrait du journal

La discussion du budget se traîne pitoyablement. Chacun semble en avoir pris son parti. Dans les séances mati nales, il y a moins de cent députés dans la salle et les plus graves résolutions sont adoptées à mains levées, et au pied levé. U loi de finances pour 1911 ne sera votée ni à Pâques, ni peut-être à la Trinité. On la remettra au 14 juillet, pour faire de cet événement une annexe de la fête nationale. M. Briand regardait, d’un air dolent et fatigué, s’écouler les discours. M. Monis, nouveau venu, feindra de s’intéresser aux plus vides bavardages pour plaire aux parleurs. La Chambre donne ainsi le plus manifeste exemple de désordre et d’anarchie, mais personne ne la gouverne et elle ne sait pas se gouverner elle-même. Ce n’est pas tolérable, s’écrie une fois de plus (car il répète sa proposition depuis quatre ans) M. Breton, radicalsocialiste. Ce député désirerait que le vote du budget fût biennal et il se figure que cette modification mettrait de l’or dre dans le désordre. Il se fait des illusions, mais il dit vrai quand il constate que le désordre est la plus complète incohérence. «Les institutions républicaines peuvent être mises en péril par le discrédit qui résulte, pour le Parlement, de son état d’anarchie actuel. » 11 est certain que le discrédit est énorme et proportionnel à l’anar chie. Mais-rien n’y pourra porter re mède. Nous sommes voués à ces choses parlementaires....