Extrait du journal

A deux heures vingt, le président monte à son fauteuil. M. Léon Say prend la parole. II n’est pas un membre du Sénat dit-il qui ne soit sous le coup de l’émotion en apprenant l’abominable attentat qui a coûté la vie û l’empereur de Russie, l’un des plus grands réformateurs de ce temps, le souverain généreux qui a fait de millions d’esclaves des millions d’hommes libres. I.o Sénat se fait l’interprète du pays en ccttc douloureuse circonstance. 2 h. 45 M. le duc d’Audiffret-Pasquier s’associe à ces paroles et demande que le jour des funérailles de l’empereur, le Sénat ne tienne pas séance. « N’oublions pas dit-il que l’empereur Alexandre a été l’ami de la France pen dant les mauvais jours. (Applaudissements à droite.) M. le président répond qu’il n’a encore reçu à ce sujet aucune communication. M. Tcsteiin, ou M. Tolain, ou un autre s’écrie : « Il faudra donc lever la séance quand l’empereur de Chine mourra. » Cette répartie par trop républicaine provoque des murmures indignés à droite. 2 h. 50 La séance continue donc : on a voulu par une cote mal taillée ne pas mécontenter les nihilistes et satisfaire tant soit peu aux convenances diplomatiques. M. Bntbie a la parole pour développer son interpellation sur les attentats dirigés contre la loi de 1850. 3 heures. M. Batbie demande ail Sénat comment il entend concilier l’exercice des droits indi viduels avec les mesures prises contre les anciens Jésuites. L’orateur fait l’historique de la question. 3 h. 15. Le bruit des conversations couvrait par fois la voix de l’orateur. MM. de Lareinty ri Fresneau déclarent que l’émotion du Sénat doit, être respectée, et demandent la remise de la discussion à demain, la séance a été levée à 3 heures, en signe de deuil....