Extrait du journal

On a lu dans nos dépêches le compte rendu de la conférence de M. Sarrion, ministre do l’intérieur, avec la commission sénatoriale chargée d’examiner une proposition de loi de M. Bozérian portant modification de la législation sur la presse. L’honorable sénateur voudrait réinscrire dans la loi les délits d’apologie de faits qualifiés crimes, tels que l’assassinat, le pillage, le délit d’excitation à la haine des citoyens les uns contre les autres, et diverses autres dispositions des lois anciennes abrogées en 1881. Le ministre s’est montré pou disposé il entrer dans cette vole. Il ne pense pas qu’il y ait lieu de réagir contre la législation qui garantit à la presse une liberté pratiquement illimitée. Nous sommes, comme M. Sarrion, partisans de la liberté sans réserve des opinions, et nous ne serions pas plus que lui favorables aux propositions de M. Bozérien. C’est aux mœurs publiques, beaucoup plus qu’ici une législation pénale, qu’il faut demander la garantie contre les excès do la parole écrite. Los mesures proposées par M. Bozérian no remédieraient pas au mal; elles seraient certainement inefficaces, et les tribunaux correctionnels auxquels il propose do rendre la connaissance de certains délits politiques recevraient là un cadeau peu enviable....