Extrait du journal

Si le scrutin du 8 mai a eu la vertu, ainsi que le prétendait l’autre jour l’Empereur, de nous procurer la sécurité et d’apaiser les passions, en tout cas il n’a point eu la puissance de fournir aux ministres et à leurs amis une ligne de conduite ou un programme. 11 ne leur a pas même donné une attitude. Ce n'est pas un programme, en effet, que les vagues généralités exposées dans le discours impérial et empruntées à vingt autres discours prononcés aux époques .les plus différentes. D’ailleurs, nous parlons du cabinet, non de l’Empereur; et, dans la thèse qui nous occupe en ce moment, l’Empereur et le cabinet sont chose distincte. Eh bien ! le cabinet ne sait évidemment pas ce qu’il veut ; il ne sait pas où il va ; jamais on ne vit autant de décousu dans les actes publics, autant de contradictions dans les paroles. Hier, les ministres se montrèrent résolument réactionnaires; aujourd’hui, ils prennent parti contre les champions de la réaction, sans qu il soit possible de deviner pourquoi. En faisant un cifort d’indulgence,-on pourrait peut-être insinuer que s’ils sautent ainsi de gauche à droite et de droite à gauche, c’est parce qu’ils veulent tenir la balance égale et inaugurer une politique de juste milieu. Mais cette assertion ne supporterait pas le moindre examen....