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La Libre Parole, 12 février 1893

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La Libre Parole
12 février 1893


Extrait du journal

Samedi. — Le conseil des ministres Interdit Y Automne, pièce de MM. Paul àdam et Gabriel Mourey, qui devait pas ser au Vaudeville. J’ai remarqué qu’en France les minis tres n’étaient jamais d’accord que lors qu’il s’agissait de faire une bêtise. Et je ne puis m’empêcher de trouver au moins étrange que des ministres osent crier au scandale, à une époque de parle mentarisme aussi scandaleux que celui dont nous jouissons. Enfin que veulent dire ces grands airs impériaux ? Tout cela, parce que MM. Paul Adam et Gabriel Mourey ont osé rappeler qu’à Fourmies la troupe avait tiré sur des travailleurs. Quel châtiment leur était donc réservé, s’ils avaient montré des ministres tirant sur des financiers ? . * . * * Ne serait-il pas temps de profiter de ce nouvel excès de zèle pour revenir sur cette éternelle question de la suppression de la censure ? N’a-t-on jamais remarqué avec quelle merveilleuse entente le public a toujours séparé l’ivraie du bon grain ?N’avez-vous jamais apprécié la sûreté de ses critiques ? Sans compter qu’au théâtre, il n’y a plus de surprises. Les compte rendus de la Presse vous tiennent au courant de ce que vous allez voir. Je dis mieux : le public des théâtres est le plus difficile, parce que s’il doit rougir de ce qu’il entend, c’est devant tous, et que le spectateur le plus endurci a la pudeur de sa honte. J’ai vu des publics de première, qui ne se composent généralement pas de dra gons de vertu, plus farouches dans une salle de spectacle qu’ils ne l’auraient été s’il se fût agi d’une comédie de salon. Au point de vue politique ? Napoléon Ier, qui n’était pas tendre, l’est expliqué à cet endroit. Le U juin 1805, il écrivait au prince Eugène : Je désire qne vous supprimiez entière ment la censure en Italie : le pays a déjà l’esprit assez étroit sans l’être davantage. ('Correspondance). Quelque temps après, un censeur acçusa M. de Mersan, qui venait de publier an recueil de Pensées de Balzac, d’appe ler Napoléon « Fléau de Dieu ». Après examen, l’empereur reconnut jui-mème que le passage incriminé était dirigé contre Richelieu. — Les imbéciles I s’écria-t-il. Décidé ment la censure générale et officielle n’est bonne à rien! Enfin, en 1811, un interdit immérité ayant été appliqué à un jeune poète : — Allons, dit l’empereur, les censeurs sont les oies de mon Capitole! Puisque la rue de Valois s’érige en Capitole, cessons d’engraisser ses trop vi gilants gardiens! *** Au bal de l’Hôtel de Ville. A dix heures, M. Carnot fait son en trée, irréprochablement perpendiculaire à la surface des eaux tranquilles. Le fil à plomb présidentiel salue à i*5° et à gauche et à droite, reprend sa ver ticalité et passe. Derrière lui, les conversations s’enga gent. Un invité dit à un autre : — Pourquoi diable est-il toujours raide comme cela ? — C’est sa façon à lui de représenter la Justice....

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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