Extrait du journal

Le débat sur les ligues s’est précipité vendredi et s’est finalement terminé par un vote de confiance au gouvernement. M. Ybarnégaray a pris la parole. — Je viens apporter la réponse des Croix de feu. On nous propose comme solution la dissolution des ligues et leur désarmement. » Je considère la dissolution des ligues comme inopérante. Le désarmement m’apparaît comme la solution de fond. Toutes les ligues doivent être désarmées. (Applaudissements à droite, au centre et à gauche). il affirme sur l’honneur que les Croix de feu, à aucun endroit, n’ont de rassemblement d’armes. 11 sollicite des perquisitions partout et montre une circulaire de M. de la Rocque rappelant à ses chefs de section que les Croix de feu ne devaient pas acheter d’armes. Il propose que l’on décide par décret ceci : 1° Tout citoyen qui, dans la rue, sera trouvé porteur d’une arme prohibée, sera condamné à une peine d’un à trois ans de prison sans sursis. ( Vifs applaudissements sur tous les bancs, sauf les communistes.) On crie : Aux voix, aux voix. 2° Tout étranger pris dans la rue, porteur d’une arme prohibée, sera, ainsi que sa famille, l’objet d’un ordre immédiat d’expulsion. (Applaudissements sur les mêmes bancs.) M. Léon Blum prend acte que M. Ybarnéfraya a parlé à titre presque officiel au nom e la plus importante des ligues : qu’il n’accepte pas la dissolution, mais qu’il accepte le désarmement. Il rappelle que depuis le 6 février le parti socialiste a constitué des groupes d’autodéfense. M. Thorez s’associe au nom du parti communiste aux paroles de M. Blum. M. Ybarnégaray déclare que les Croix de feu sont prêts à supprimer ce que leur organisation peut avoir de paramilitaire. (Applaudissements à droite et sur de nombreux bbancs). M. Laval enregistre avec satisfaction les déclarations de MM. Blum, Thorez et Ybarégara, dont le gouvernement, à l’issue des débats, tirera avec la Chambre toute la conclusion. (Applaudissements sur les mêmes bancs). M. Ybarnégaray souhaite que son appel au rapprochement et à la réconciliation soit entendu dans le pays, et que l’on donne à l’étranger le spectacle de tous les représentants de la nation imposant silence à leurs passions et se réconciliant dans la joie et la fierté commune d’être français. (Applaudissements sur de nombreux bancs)....