Extrait du journal

I L'un employé au ministère de la guerre et l'autre contribuant en qualité de nommis-rédacteur au relèvement de la marine française, Laplotte et Flécard, tous deux touchant à la quarantaine, étaient liés d’étroite et inaltérable amitié. Célibataires, et professant pour l’esclavage conjugal la même et d’ailleurs irraisonnée terreur, ils avaient associé, depuis le jour où après s’être salués dans l’escalier de leur commune maison ils avaient fait ensemble leur premier piquet, leurs joies, leurs peines et jusqu'à leurs désirs et leurs caprices. Laplotte — la « Guerre » — souhaitait tout ce que voulait Flécard, et Flécard — la « Marine » — accédait au moindre vœu de Laplotte. Aussi lorsque, un dimanche, baguenaudant sur les boulevards, celui-ci s’était arrêté devant un bureau de tabac et avait témoigné son intention de participer à un acte de bienfaisance en achetant des billets de la « Loterie au profit de l’œuvre des Jambes de bois », l’autre s’était immédiatement incliné....