Extrait du journal

Sur la corde raide ON vous a raconté, la semaine dernière, la perfor mance de cet acrobate de Vienne qui réussit à se maintenir une centaine d’heures sur une corde raide, à 20 mètres au-dessus du sol. Il avait un balancier pour assurer son équilibre et quelques bouquins pour passer le temps. C’est, en miniature, l’exploit qu’accomplit le monde depuis quelques mois. Ne donne-t-il pas, en effet, l’impression de marcher sur une corde raide, oscillant dangereusement entre la guerre et la paix, penchant tantôt vers l’une, tantôt vers l’autre, sans trop savoir finalement de quel côté ira sa préférence ? Les uns crient « casse-cou », les autres s’amusent à secouer la corde, tandis que l’immense majorité des peuples retiennent leur angoisse dans la crainte du faux pas qui provoquera la catastrophe. Spectateurs muets et intéressés de cette scène, nous ne savons que dire ni que faire. 11 nous faudrait, au moins, ne pas nous effaroucher. Depuis que le monde est monde, il marche sur la corde raide. Son destin, comme celui de cha cun de nous, est de faire son chemin entre les périls et les tentations du mal. Pour aller droit et se préserver des chutes, il a, lui aussi, son balancier. Ce balancier, nous pouvons tous le rendre efficace et salu taire. Son poids et sa qualité varient à chaque instant, selon la densité de nos actes et de nos sentiments. Si nous sommes généreux, honnêtes, confiants en la Providence, fraternels pour tous les hommes, il y a des chances que le monde semaintienne en équilibre. Dans le cas contraire, on peut craindre que la marche sur la corde raide ne se termine très vite par une catas trophe....