Extrait du journal

Nous ne voulons pas exagérer ; nous ne faisons ni de la sensibilité à froid ni de l’indignation au repos; nous nous dispensons de surchauffer notre patriotisme pour la circonstance. Nous nous souvenons, tout simplement; nous voyons le passé défiler, comme un rêve, devant nos yeux ; nous nous mettons à l’écart, nous montons sur les hauteurs pour juger plus froidement : nous comparons, avec toute l’impartialité dont nous sommes capables ; nous sommes, au surplus, trop éloignés de ces événements pour ressentir encore cette vivacité d’impression qui emporte l’âme hors des gonds. Et pourtant nous retrouvons eu nous-mêmes aussi poignante la douleur que de tels souvenirs doivent laisser à toute âme vraiment française; l’appréciation lointaine et désintéressée de cette phase sombre de notre histoire soulève au plus profond de notre cœur les mêmes protestations....