Extrait du journal

Le cabinet formé pour le sauvetage de Dreyfus commence-t-il à se rendre compte des difficultés croissantes, des exigences redoutables, des périls formidables de la tâche qu'on lui a donné l'ordre d’exécuter? Judiciairement. .Dreyfus ne sera pas sauvé. Mais politiquent le cabinet est perdu. Il ne vit plus que de perquisitions, d'arrestations, d’iniquités, dé violences, de réaction criminelle contre tous les principes démocratiques. Est-ce vivre? Et surtout, est-ce assurer son existence? Demain d’ailleurs, suivant une expression célèbre « le pied peut lui glisser dans le sang ». * Déjà Déroulède. dans une lettre qui a toute la force d’une prophétie, place le chef de l’Etat, les ministres, le Sénat, en présence des responsabilités historiques. Mais ce n’est pas l’histoire seule qui jugera. En quelques semaines, des hommes qui ne sont nés à la vie publique. qui ne sont parvenus au pouvoir qu’en se réclamant des doctrines de liberté, d’égalité et de fraternité, ont accumulé contre les droits de la pensée. de la conscience et de l’indépendance humaines plus d’attentats que n'en eût osé concevoir le plus absolu des monarques....