Extrait du journal

compte autant d’ennemis qu’il y a, en France, d’auteurs incompris ou malheureux. Et cela ne veut pas dire qu’il ait pour amis tous les auteurs dont il a accueilli les œuvres. Ceux-là lui en veulent de les avoir repoussés; ceux-ci ne lui pardonnent pas les erreurs qu’ils ont commises. Tout.poète est double d’un orgueil leux de mauvaise foi qui ne peut se résoudre à avoir tort. S’il échoue, c’est qu’une cabale l’a fait tomber. Je n’ai jamais, pour ma part, rencon tré un dramaturge qui m'ait dit franchement, au lendemain d’une défaite : « Oui! j’en con viens: ma pièce est exécrable ! Et le public a eu raison de la siffler !» Ce sont des explications à côté, des chinoiseries : la mise en scène était déplorable; les interprètes ne savaient pas un mot de leurs rôles : «Ah ! mon cher, du temps de Perrin, les choses ne se passaient pas ainsi ! » Combien de fois ai-je entendu cette phrase! Il est vrai d’ajouter que Perrin, quand il vivait, n était pas moins durement traité. On lui re prochait sa minutie, son entêtement, son sens étroit du théâtre, son amour excessif des dé cors et des costumes; de même que l’on incri mine aujourd’hui les partis-pris, les ruses et les mollesses de son successeur. Contre ces attaques, M. Jules Clarctie a une réponse toute prête, et c'est l’argument même dont se servait Emile Perrin. Il exhibe son livre de recettes. Et l’on doit avouer que la prospérité matérielle de la Comédie ne laisse rien à dési rer. Ses adversaires ne se tiennent pas pour battus. Us invoquent l’immortelle théorie de 1 art pour l’art. «Ce n’est pas tout de gagner de...