Extrait du journal

CHASSEURS ET BRACONNIERS On est frileux, dans nos pays. En plein mois d’août, lorsqu’un orage rafraîchit l’air pour quelques heures, vous voyez aussitôt tous les braves gens dont les conversations ordinaires roulent sur le beau temps et la pluie s’aborder avec un air de condoléance et d’apitoiment réciproques : «Oh! les gran des chaleurs sont passées, à présent ; nous n’aurons pas eu d’été, cette année... » Et, bien vite, ils endossent des habits plus épais, emportent des foulards dans leurs poches, s’abstiennent de s’asseoir sur les seuils à la tombée de la nuit ; pour un peu, s’ils osaient, ils feraient flamber quelques bonnes brassées de sarment dans les âtres, quittes, le lendemain, en voyant le soleil luire de plus belle, à prendre des airs de triomphateurs : dame 1 ils Vont échappé belle 1 Le grand ennemi, le froid, a voulu les surprendre, puis, comprenant qu’il avait affaire à des malins qui étaient prêts et l’attendaient de pied ferme, il a remis sa visite à plus tard. Mais il faut bien se résigner, tout de mê me, à ne pas voir l'été durer toujours. Le ciel continue à être éblouissant, le métal vert sombre des frondaisons n’a pas encore la moindre tache de rouille, et cependant l’automne — le Prince Automne, comme il est dit dans un conte gascon recueilli par Bladé — va revenir parmi nous ; il est là; on le devine avant qu’il se montre... Le Prince Automne I Voilà une appellation qui est une merveilleuse trouvaille ; faites...