Extrait du journal

Des manifestations antifrançaises se raient organisées, parait il, en Italie, à la suite du verdict rendu par le jury d’Angoulémo dans l'affaire d’Aigues Mortes. Nous n’en sommes point surpris. Nous savions par les journaux italiens que le sens et la portée de ce verdict étaient étrangement dénaturés de l'autre côté des Alpes, et exploités par les ennemis de la Eraece. Nous ne sommes pas surpris non plus que Te gouvernement italien réprouve ces injustes manifestations contre notre pays, et se déclare décidé à les réprimer, comme l'affirment les dépêches que nous recevons ce soir. M. Crispi et ses collègues ne peuvent, en effet, ignorer que les événements d’Aigues-Morles n’ont pas eu en réalité le caractère d’un conflit international. En tout cas. s’il y avait eu un conflit de ce genre, ce sont les Italiens qui l’auraient provoqué, et ils seraient vraiment mal ve nus à se poser maintenant en victimes, en persécutés. Mais la vérité, connue en Italie comme chez nous, c'est qu’il n’y a eu à AiguesMortes qu’une bagarre banale entre ou vriers, plus grave, plus sanglante que beaucoup d'autres, mais non pas diffé rente au fond de celles que nous avons vu se produire, maintes fois, sur divers points du territoire. Nous trouvons, quant à nous, que le jury de la Charente a jugé sainement en cette affaire. Mais eût-il rendu un verdict absurde, les Italiens n’auraient pas eu le droit de le lui reprocher comme une pro vocation volontaire à l'égard de l'Italie. Qu’on parcoure les journaux français, et l’on verra que, très souvent, le jury a rendu des sentences qui étaient en con tradiction formelle avec l'opinion publi que ! Pourtant, il n’y avait en présence, dans ce cas, que des Français 1 Nous sommes donc d’autant mieux fon dés à protester contre les récriminations...