Extrait du journal

Une sorte de joie farouche rayonnait sur ses traits mâles et sévères. Et qui l’eût vue quand le domestique en grande livrée annonça M. le baron et Mme la baronne de Florensac, eût frémi à l’éclair que lança son regard. S’approchant pourtant avec la plus grande courtoisie de la baronne, qui était une jeune blonde, pâle et fluette, elle la remercia vivement, et à plusieurs repri ses d’avoir bien voulu accepter son invitation. — Oh! dit la jeune femme, j’y tenais, et quoique ce paresseux d’Henri, ajouta-t-elle en désignant son mari, inventât, pour ne pas bouger, prétexte sur prétexte, il a bien fallu céder. — Monsieur le baron, reprit la dame de Bonaguil, avec un sourire équivoque, voulait donc nous priver du bonheur de faire votre connaissance? Le baron, homme d’une quarantaine d’années, grand, mince, chauve et dont la figure, bien que trouée de pe tite vérole, ne manquait pas de distinction, essaya de protester; mais sa femme lui coupant la parole : N’en croyez rien, continua-t-elle, c’est pour me contrarier qu’il nie. Jamais monsieur ne dit la vérité. Gageons qu’il va prétendre qu’il n’a pas soif, lui qui...