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La Petite Gironde, 6 janvier 1894

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La Petite Gironde
6 janvier 1894


Extrait du journal

Incohérences. Il faut revenir sur les beautés de l’adminis tration du Conseil général de la Seine, car, à sa manière, c'est une administration modèle : c’est comme ça qu’il ne faut pas faire. Il n’y a pas de séance qui no fasse jaillir son in cident. L’autre jour, on examinait le compte dos crédits accordés pour les travaux de l’Ecole Draille. La situation est si embrouillée qu’il a été impossible d'établir si les hospitalisés de l’établissement revenaient à 7ï6 fr. ou à 1,184 fr. par tête. De plus, comme l'a fait re marquer M. Caumeau, le directeur, dont le traitement est assez, élevé, reçoit encore une indemnité de logement, alors que les hommes de peine reçoivent à peine 410 fr. Eh bien ! et le souci des petits et des faibles, dont les fougueux socialistes de la Seine prétendent avoir le monopole? Mais la question de l’Asile de Vaucluse est plus savoureuse. Cet établissement avait été fondé avec amour pour y donner un ensei gnement agricole modèle. Or, il a été cons truit de telle sorte que le dernier des valets de ferme n’en voudrait pas pour dot. Oyez bien : a La ferme est construite sur un plan in cliné et est inondée à chaque pluie d’orage. Quand on voulut utiliser les bâtiments, il fallut renoncer à mettre les vaches à l’étable. On fut obligé notamment de reculer la crèche de quatre-vingts centimètres pour que le va cher pût passer derrières ses bêtes. On a construit des lapiniôres dont les habitants gèlent eu hiver et rôtissent en été. Avec cela un poulailler enfantin et une porcherie dé plorable. On avait construit un logement pour le fermier et oublié le garçon de ferme, qu’on loge à un kilomètre. » Pas d’abri pour les instruments aratoires, et, au début, pas de chambre à grains. Au bout de trois ans, on construit cette chambre à grains et on n’y établit pas d'escalier. Et aujourd’hui encore on y accède par une échelle, ce qui constitue un réel danger pour les hommes chargés de fardeaux qui ont à monter dans ce grenier ou à en descendre. J'ai vu deux voitures de foin logées dehors faute d'un abri, et vous savez quel était le prix des fourrages cette année. » Comme ferme modèle, on ne trouverait pas plus mal, en effet... Mais dans toutes c , i v cohérences, c'est le sort des lapins qui préoc cupera les âmes compatissantes. « Les habi tants des lapinières gèlent en hiver et rôtis sent en été. » Pauvres lapins! Si Emilionne d’Alençon savait ça!... P. B....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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