Extrait du journal

étouflant un cri dans son mouchoir trempé de larmes. — Quelque ridicule histoire que vous vous serez logée dans la cervelle ! Vous avez une imagination désolante. Une bouderie d’amoureux, peut-être ? Ah ! ma chère enfant, si je n’avais que cela en tête !... Emmeline se taisait. Elle revint d’elle-même à la ch&rg6 Au fait, il lui semblait, elle se rappelait vague ment maintenant leur singulière attitude à tous deux ce soir-là. — Prenez garde, ma fille, vous avez été maladroite sans doute, coquette peut-être. Gardez-vous de froisser les susceptibilités absolument légitimes d’un homme qui aura bientôt tous les droits sur vous. Il ne lui manquait plus que cela. S’il fallait encore que ce mariage vînt à se rompre ! — Il ne m aime plus, gémit la jeune fille, sans même songer à se défendre ; vous ne l’avez donc pas vu auprès de cette femme ? — Vous ôtes singulièrement romanesque, ma pau vre Emmeline. Avez-vous la prétention de croire qu’il n’ait aimé personne avant vous? Etes-vous si obsédée du passé qu’il ne puisse parler à une femme, serrer la main d’une ancienne amie sans que votre esprit travaille, que vous bâtissiez un roman là où tout le monde ne voit tout au plus qu’une nécessité ou une convenance sociale ? Faut-il enfin que vous soyez un obstacle dans la vie de votre mari, que, pour ne point heurter vos sentimentalités exagé rées, il rompe avec tout ce qu’il a connu ou estimé, qu’il n’ait plus le droit d’avoir une sympathie ou une habitude? b ailleurs, s’il ne vous aimait pas, pourquoi donc vous épouserait-il ? Elle fit une pause, et, avec une amertume doulou reuse qu’elle ne put réprimer : — Ce n’est certes pas pour votre fortune. Pour ce qu’il en reste, autant dire qu’il prend une fille pauvref -, j^0 sait-il ? — Sans doute, pour qui me prenez-vous, ma chère ? Les yeux d’Emmeline se séchèrent, quelque chose de joyeux se mit à trembler dans sa voix. — Ainsi, c’est bien moi seule qu’il voulait; quand il est venu me demander à vous, vous avez commencé par tout lui dire ? —■ Mon Dieu l pas positivement... Il y eut une nuance d’embarras dans la réponse évasive de madame d’Arcis....