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La Petite Gironde, 12 janvier 1901

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La Petite Gironde
12 janvier 1901


Extrait du journal

pour la plupart des gens qui se trouvent dans celte situation, la première de ces extrémités est plus désagréable que la seconde ; pour un certain nombre, clic est même plus intolérable que la troisième. Et voilà pourquoi, tant qu'il y aura des gens menacés de mourir de faim, il y aura des mendiants et des filous. Et si malheureuse est la condition de certains pauvres diables que l'indulgence même des juges n'est pour eux qu'une fa veur dérisoire, un embarras de plus. Les timides en soupirant acceptent cette indul gence désobligeante, les audacieux la re poussent avec énergie, et parfois même avec violence, se donnant tort dans la forme, lorsqu'ils ont raison dans le fond. Tel est ce miséreux dont les journaux parisiens nous racontent l'aventure, qui comparaissait 1 uuuc joui ur« police cor rectionnelle pour filouterie d'aliments. Les juges le condamnèrent à quinze jours de prison, pour le principe, mais, émus de pitié, ils lui accordèrent le bénéfice de la loi de sursis. Cela ne faisait point l'affaire de notre homme, pour qui quinze jours de prison sans sursis étaient quinze jours de pitance et d’abri assurés. Aussi s'est-il mis à protester violemment contre le juge ment rendu... en sa faveur : « La loi de sursis, s'est-il éciié, je me f...iche un peu de votre loi de sursis, je n’en veux pas! » Ce cri du cœur... ou plutôt de l'esto mac, était sincère, mais il n’était point ai mable pour le tribunal. Aussi, les m igistrats, sc tenant pour injuriés, octroyèrent au délinquant six mois de prison — sans sursis, cette fois. Sur quoi, tout s’arrangea Le condamné, subitement radouci, lira son chapeau aux juges : « C’est tout ce que je demandais, messieurs, dit il en souriant. » Et il s’en alla de pied ferme subir sa peine, sans sursis. « Evidemment, dit à ce propos un de mes confrères parisiens, ce pauvre diable n'a aucun grief personnel contre M. Bé renger, ni contre sa loi. S'il parle de cette loi avec quelque dédain, c’est quelle lui apparaît comme médiocrement avanta geuse. Et si elle lui produit cet effet, c'est qu il ne sait que faire de la liberté que le tribunal lui laisse. 11 n'avait pas de quoi manger avant sa condamnation, mais il n'a pas davantage de quoi manger après. S'il a filouté des aliments, ce n'est pas pour le plaisir de voler, c'est pour ne pas mourir de faim. Le tribunal lui dit, pater nellement : « Allez, mon garçon, et sur tout ne volez plus. » A quoi, il répond : « Si je ne voie point, comment ferai-je pour manger? » Et il remercie des six mois de prison qu'on lui octroie en sur-...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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