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La Petite Gironde, 16 décembre 1889

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La Petite Gironde
16 décembre 1889


Extrait du journal

net dans lequel elle a mis sa confiance. Cette majorité s’est affirmée à deux re prises : lundi, dans le vote sur l’élection Jolfrin, et hier, dans le vote sur le crédit des fonds secrets. Dans l’une et l’autre circonstance, plus de trois cents députés ont affirmé leur esprit politique et leur ferme volonté de ne pas tomber dans les errements antigouvernementaux qui ont si fort discrédité la Chambre précé dente. Le pays peut maintenant se rassurer: il a la certitude que ses intentions et ses voeux ont été compris. Il n’assistera plus, en spectateur navré et écœuré, au spectacle scandaleux qui lui était donné depuis six ans de ces coalitions de droite et d’extrême gauche qui renversaient les ministères les uns sur les autres comme des capucins de cartes, et qui avaient fait de la République le régime du per pétuel provisoire et de l'instabilité sans répit. 11 n’aura plus à se demander cha que jour si le gouvernement sous lequel il vivait la veille n’a pas été rejoindre les précédents au fin fond des oubliettes 'parlementaires. Il pourra travailler en paix, avec la sécurité du lendemain et l’assurance qu’une crise ministérielle ne viendra pas à chaque instant troubler sa tranquillité et menacer ses intérêts. Les deux questions sur lesquelles s’est affirmée l’existence d’une majorité de gouvernement étaient bien faites pour tâter en quelque sorte le pouls à la Cham bre et voir si elle possédait réellement le sens politique et l’esprit gouverne mental. L’élection de M. Jolfrin soulevait des questions assez délicates de juris prudence et de politique ; les droits du suffrage universel étaient en cause, et l’on pouvait craindre qu’un trop grand nombre de députés républicains se lais sassent égarer par les sophismes des ora teurs de la Boulange et de l’Extrême Cauche. Quant à la question des fonds secrets, c’est une de celles qui ont le plus échauffé les passions et qui, par suite, ont toujours été le plus mal com plices. La majorité, en la résolvant dans le sens gouvernemental, a donné la preuve la plus solide de son esprit poli tique. .Nous sommes sûrs maintenant qu’elle se retrouvera unie et compacte dans toutes les questions importantes, pourvu que le gouvernement sache la diriger et se mettre résohiment à sa tète....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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