Extrait du journal

se fissent tout au moins connaître. D’autres que moi s’exprimèrent dans des termes analogues, pro testèrent. Mais, finalement, on ne sut jamais qui avait donné l’ordre de détruire ce palais. Tous les fonctionnaires, tous les ministres incriminés dirent, pudiquement : « Ce n’est pas moi l » Et on finit par mettre l’affaire sur le dos d’un « Expositionnard » anonyme qui, de son côté, garda un silence pru dent. On reconnaît volontiers que la grosse panse du Trocadéro n’était point particulièrement esthétique. Mais, cependant, cet édifice faisait, de puis 1878, partie de la physio nomie de Paris. C’est si vrai quaujourd’hui encore, après sa démolition, d’innombrables cartes postales, toujours en vente, nous font apparaître son image nulle ment antipathique. Ses deux tours, aperçues à trente kilomètres à la ronde, quand le temps était clair, n’éta"j»nt pas désagréables à re garder. L’immense salle de concerts et de réunions du Trocadéro était connue de tous les Parisiens et rendait de continuels services. Aux yeux des hommes de cinquante ans,, le Trocadéro était une sil houette familière, paterne et plu tôt aimée. Elle marquait une épo que. Bref, le volumineux édifice, bâti d’ailleurs à l’épreuve des siècles, n’avait nullement mé rité qu’on lui crevât le ventre, 56 ou 57 ans seulement après sa naissance. Il existait et méritait de continuer à exister. Il ne faut pas prétendre, cependant, que le nouveau décor qu’on vient de terminer à la place de l’ancien Trocadéro soit de nulle valeur. Nous reconnaissons volontiers qu’il s’élève là une espèce de porte triomphale non dénuée de majesté. Mais cette porte est une porte ouverte. Et elle s’ouvre sur quoi ?...