Extrait du journal

avons! ont éclaté en lamentations... dans leurs journaux, car, la plume posée, ce sont de joyeux compères que la mélan colie affecte peu. L’Agence Havas a dû démentir l’histoire des visites de M. Pal lain, ou du moins l’histoire des propos qu’on lui prêtait, car il n’y aurait rien d’ex traordinaire à ce que le gouverneur de la Banque de France se fût rendu chez M. Caillaux pour lui parler d’affaires, et chez le Président de la République, avec lequel il est probable qu’il a des rela tions de courtoisie et peut-être d’amitié. Cependant, nous ne disons pas quel événement, mais quelle préoccupation de l’heure présente a bien pu servir de prétexte aux bruits perfidement lancés dans la circulation! Nos rapports avec l’étranger sont aussi bons que possible; on pourrait même dire qu’ils n’ont ja mais été meilleurs, puisque nous nous sommes rapprochés do l’Italie sans que l’Allemagne nous en fasse plus mauvaise mine; les nuages qui ont plané un instant sur l’horizon du côté de l’Angleterre se sont dissipés; la paix en Europe est pro fonde. Il suffît de regarder pour voir qu’elle ne l’est pas moins à l’intérieur. Les partis clabaudent toujours, mais en est-il un seul qui songe encore à agir? Alors, d’ou viendrait la panique signalée avec tant de fracas? I)’une seule chose : la commission du budget à la Chambre des députés a ré solu de présenter un projet d’impôt sur le revenu. Et ce serait pour cola que les Français qui possèdent un magot s'em presseraient de le porter à l’étranger. A l’étranger, c'est bientôt dit. Mais où, d'abord? Ce ne serait pas en Angleterre, l’impôt sur le revenu y sévit. Ce ne se rait pas en Allemagne, l’impôt sur le revenu y fonctionne. Ce ne serait pas en Suisse, l’impôt sur le revenu y est établi. Les capitalistes no sont pas des Gribouilles; ils ne se jetteraient pas à l’eau par crainte d’être mouillés. Parmi les pays que nous n’avons pas nommés, il en est d'autres où l’impôt sur le revenu ne pèse pas sur les fortunes privées, c’est vrai, et cependant ce n'est pas un bain que risqueraient les capitalistes s'ils y portaient leurs capitaux, ce serait une noyade! Et puis, qui prend au sérieux l’immi nence du danger que l'impôt sur le re venu ferait courir aux fortunes particu lières? Tout le monde uo sait-il pas qu’au fond le projet de la commission du bud get n'est qu’une réclame électorale? Il est de toute évidence qu’il n'a pas la moin dre chance d’aboutir au Sénat. On a donc bien le temps devoir venir. Le péril était autrement menaçant quand le père de la réforme, M. Don mer, était ministre des finances dans un cabinet qui eu avait fait sa raison d’être, et cependant on n’a pas entendu dire alors que les capitaux fran çais prenaient leur volée vers d'autres climats comme les hirondelles à l'au tomne; ou si l’on en fit courir le bruit dans les journaux, on a bien vu depuis qu’il n’eu était rien et que les capitalistes français ne perdent pas la tête si facile ment. Mais quelle chose étrange que notre presse réactionnaire répète tous les jours que la France est ruinée de fond en comble par la République, et qu’elle ajoute que tous ceux qui possèdent sont sur le point d’émigrer avec leurs biens ! Elle ne parle évidemment pas des pro priétaires du sol, car, comme disait Danton, on n’emporte pas le sol de sa patrie à la semelle de ses souliers. Si elle entend par là les personnes qui possè dent du numéraire et des valeurs mobi lières, la France n’est donc pas ruinée, comme elle se plaît à le dire. Plût au ciel que nous n’eussions pas un budget de quatre milliards à acquitter tous les ans, mais puisque nous l’acquit tons, et sans trop nous faire tirerl’oreille, c’est donc que nous ne sommes point si bas qu'on le prétend. Il y a même des gens qui affirment que. loin d'ètro rui née, dans les temps di l’iici les que le monde entier traverse, la France est encore la nation la plus prospère du monde. Ils soutiennent que, dès qu’un grand besoin de capitaux se fait sentir quelque part, c’est vers elle qu’on se tourne, et que, quelques fautes que nos gouvernants aient pu commettre, c’est néanmoins le gouvernement do la République qui, dans toute l’Europe, gère avec le plus d’éco nomie et de prévoyance, lafortunepublique. Ils citent même des Chilires à l’appui, ce qui donne une certaine force â leur argumentation. Nous ne saurions,trop recommander, à ce point de vue, un article paru dans la Revue politique et parlementaire, du 10 juin et intitulé : « La situation financière de la France. »> Il est de nature à contrarier les alarmistes, et c’est en outre dans cet article que nous avons trouvé une cita...