Extrait du journal

question de film et d'esprit, je veux terminer cette lettre sur un trait de Charlie Chaplin. Il tourne en ce moment un film — muet, puisqu’il s'est promis de ne jamais parler. Mais qu’aurait-il besoin de parler ? Le voici qui arrive, dans une scène de cette bande, avec son aspect ordinaire, son air vague et doulou reux, son éternel chapeau, sa petite moustache. Et soudain, dans le lieu où il se trouve, il aperçoit un immense portrait d’Hitler avec, lui aussi, sa petite moustache. Chariot s arrête, le regarde longuement d’un air contenu, et puis, brusque ment, il prend se propre moustache et la met dans sa pôche. Et il s’en va, satisfait de sa justice... Convenons qu’il n’a pas besoin de parler ; ce geste-là vaut bien des discours et des mots d'esprit... Gérard BAUER....