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La Petite Gironde, 23 avril 1912

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La Petite Gironde
23 avril 1912


Extrait du journal

Tour à tour, le j'our de leur majorité les enfants Lordiot — deux grands diables secs et gauches et une fille rousse aux yeux sournois — avaient exprimé à leurs parents leur volonté d’aller vivre à la ville. La campagne manquait vraiment trop de distractions, et quand on possède son certificat d’études on n’est pas fait pour éternellement bêcher, sarcler des champs de blé ou de betteraves, non -plus que pour lessiver des toiles rudes, traire des vaches ou apprêter de la cuisine. Les vieux restaient dans le village d’où ils n’é taient jamais sortis. A leur aise ! c’était question de goût. Paysans illettrés, dont l’existence simple et probe, courbée vers la terre, s’usait au travail, ils ne pouvaient pas comprendre ces désirs nouveaux... Eux, les jeunes, ils demandaient du chan gement. A cause de ses maisons hautes et claires, de ses avenues larges et bruyan tes, à cause surtout de son luxe, de ses théâtres, de ses plaisirs, la ville les atti rait. Ils iraient vers la ville, y gagneraient de l’argent, et reviendraient deux fois l’an passer quelques jours auprès de leur fa mille, au temps de Pâques et de Noël. Leur âge leur permettant de diriger leur vie sui vant leur gré, leur décision était irrévoca ble. En vain le père avait tenté de les re tenir, confessant son espoir de les garder près de lui et de les voir continuer à leur tour la tâche ancestrale; la mère, craignant que la ville enlevât ses petits à son affec tion, avait inutilement redouté un avenir incertain... Ils étaient partis... D’abord, ils avaient tenu leur promesse d écrire chaque semaine à leurs parents de longues lettres où ils contaient leurs menues aventures et les difficultés qu’ils rencontraient avant de trouver des emplois lucratifs. La réussite n’était point commo de. à cause des compétitions multiples; mais ils ne se décourageaient point, con vaincus qu’ils finiraient bien par atteindre leurs buts différents. Un voisin épelait aux...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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