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La Petite Gironde, 24 novembre 1942

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La Petite Gironde
24 novembre 1942


Extrait du journal

Nous ne savons pas encore quelles vont être les dé cisions définitives du président -aval, ni l’usage qu’il va iaire des pleins pouvoirs dont il vient d'être investi par le Maréchal Mais ce dont nous sommes certains, c'est que nous allons voir un changement très net de la politique fran çaise. Et 11 n’est pas très difficile de connaître les bases de cette nouvelle politique. Pour les prévoir, il n’y a qu'à lire (ou à relire) le discours du président. Dans ce discours — qui ne peut pas ne pas être suivi d’actes — le chef du gouvernement a prononcé quelques phrases essentielles et dont le rapprochement nous révèle très nettement l’orientation qu’il va prendre. Il a dit tout d'abord ; « Nous ne pouvons pas con tinuer à vivre dans l’équivoque.» Ou cette phrase ne veut rien dire (et le président Laval n’a pas l’habitude de parler pour ne rien dire), ou elle constitue une brève et nette condamnation de l’Attentisme. Oh ! Je sais bien qu'ici des propagandistes qui ne désarment pas nous arrêtent en essayant de mettre le chef de l’Etat en opposition avec le chef du gouver nement. Pour mol, depuis que le Maréchal a parlé, la ques tion est réglée. Je ne puis pas admettre un seul instant que le Maréchal, qui nous a dit en substance : « Je reste votre chef. Je continue à Incarner la France, et c’est dans son Intérêt que Je viens d’agir », accepterait de couvrir de sa présence une politique qu’il n’approu verait pas. Penser ou dire le contraire, c’est faire au Maréchal la plus cruelle des injures. D’ailleurs, avec les mesures récentes, nous sommes tout simplement revenus au régime défini par l’Assem blée nationale réunie à Vichy en Juillet 1940. Et nous sommes revenus en même temps aux principes consti tutionnels les plus sains et les plus logiques. Le chef de l'Etat reste bien le maître des destinées de la nation, puisque c’est lui qui désigne le chef du gouvernement et qui l’investit des pouvoirs qui lui sem blent nécessaires. Mais il renonce sagement à cumuler deux tâches écrasantes, et nous avons désormais à côté du Maréchal, qui «continue à incarner la souveraineté française et la permanence de la patrie », un chef du gouvernement qui, une fois reçues les directives du chef de l’Etat, est maintenant armé pour faire la politique qui s’impose, la seule d’ailleurs que nous puissions faire, celle que nous aurions dû faire « sans équivoque » depuis longtemps. Quelle politique ? Mais celle de Montoire, tout simplement 1 Cell-3 de Montoire, telle qu’elle aurait dû être et telle qu'elle aurait été s'il n'y avait pas eu le 13 décembre. Une seule différence. Et elle est de taille, évidem ment ! Si la politique de Montoire n'avait pas été si tragi quement interrompue, notre situation serait aujourd’hui à tous les points de vue bien meilleure. Bien des problèmes douloureux seraient certainement résolus, et nous aurions simplement à défendre notre Empire au lieu d'avoir à le reconquérir. Et, là encore, le discours du président Laval ne lais se place à aucune équivoque. Quand 1! nous dit d’une part : «Il ne peut pas y avoir d’Europe sans la France et son Empire », et. d'autre part, « la France ne s'avoue pas vaincue: un Jour viendra où le drapeau français flottera seul sur Alger», il ne peut pas être plus net. La question de l'Empire français est, en effet, deve nue une question européenne, et la solidarité qui nous unit à cet égard avec les autres peuples du continent a été encore renforcée par la volonté même de ceux qui nous ont attaqués. Déjà, que cela plaise ou non, les forces de l’Axe sont aux côtés des nôtres. . Que ceux qui ont peur des mots se placent devant les faits : en «portant la guerre sur le territoire fran çais», les Anglo-Américains devaient fatalement mettre notre pays en demeure de choisir Ils devaient fatale ment achever le renversement de la situation et inté grer la France dans le bloc européen, avec toutes les conséquences que cela comporte. U est Inexplicable qu’ils ne Valent pas compris, et le moment est venu de reprendre — mais en changeant le temps — une question que nous posions naguère lclmême. et de dire : « Qui l’a voulu ? • Louis VALETON....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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