Extrait du journal

Oh! comme à cet instant son cœur bat tait fort! Elle avait refermé les yeux, et Jean avait continué à lui parler de sa voix caressante. Tout à coup elle, avait éprouvé une émo tion singulière à la sensation d’un souille de lèvres sur sa chair, tout au bout des doigts. C’est alors que son cœur s’était, mis à battre comme il n avait pas encore battu. Elle avait compris que Jean Legrand avait de l'affection pour elle, et elle en avait éprouvé un grand plaisir. C'était la première manifestation d’une mutuelle sympathie d'enfants, d'un amour qui naissait. Et cet amour s’était radieusement épanoui le jour ou, dans le sentier du bois, Gabrielle et Jean s’étaient avoué qu’ils s'aimaient. Hélas 1 elle se sou/enait trop bien, la pauvre Gabrielle ! Les yeux toujours fixés sur les moulins, elle repassait dans sa mémoire tous les événements qui s étaient accomplis pour elle depuis que Jean Legrand lui avait fait danser sa première valse. Et, quoi qu’elle fit pour les retenir, des larmes amères coulaient de ses yeux et inondaient ses joues. Depuis longtemps déjà, un profond si lence régnait dans la maison. Madame Anglade et Fanehetle étaient couchées. De peur de s’endormir et de ne pas se réveiller à l’heure, Gabrielle n’avait pas voulu s’étendre sur le lit de son frère. Elle attendit sur sa chaise la première lueur de l'aube et le réveil des oiseaux. Dès qu’elle vit paraître une blancheur ù l’horizon, elle se dressa debout et jeta un dernier regard, un long regard sur la butte des moulins, comme ayant le pres sentiment qu’elle lui faisait un éternel adieu. Elle prit son paquet, sortit sans bruit de la chambre, et se mit à descendre, s’ar rêtant à chaque pas, craignant toujours...