Extrait du journal

LES DROITS DU MARI Au dessert, il parut oublier complètement sa mésaventure conjugale. Le vin le mettait en belle humeur. Les bouchons sautaient. Le champagne pétillait dans les coupes. La gaieté, devenue bruyante, dé bordait. Tout à conp une voix argentine s’éleva. C’était celle d’une petite f*mme rondelette, qui affectait des poses sentimentales. — Monsieur Didier, cria t-alle d’upi bout à l’autre de la table, dites nous donc des vers, de vos beaux vers. Moi, j’adore la poésie. Didier rougit, balbutia. Hermine leva sur lui des yeux étonnés. Puis elle pâlit soudain, car son mari se soulevait sur sa chai se d’un air menaçant. — Ah! ah! exclama-t-il, M. Didier fait des vers? Mais apercevant la confusion du jeune homme, songeant à sa naissance, à sa pauvreté, il sourit de pitié. Prendre au sérieux un si piètre rival, c’eût été se couvrir de ridicule. Il se rassit, calmé soudain ; et, élevant son verre : — Je bois, dit-il, à la santé des poètes malheurppx j mais en môme temps à l’extinction de la r*e«, car je déteste les vers. Il accompagna d’un rire impertinent cette bru tale plaisanterie. . — Pardon, mon cher, pardon, s écria Gatinais, qui se leva chancelant, les vers de Didier ont du galbe. Je ne dis pas, mon cher, qu’ils s’élèvent à la...