Extrait du journal

sincère? Non, il n’était que léger. Esprit frivole sitôt fasciné, tout à l’impression du moment, il cueillait les roses de son chemin, sans souci des épines. C’est ainsi qu’il se laissait aller à ce ilirtage intéres sant, sans penser qu’il pouvait devenir une entrave sinon un sujet de chagrin. Il n’avait pas été sans envisager, il est vrai, la probabilité de son mariage avec miss Deacon. Il s’en était rendu compte; c’était là sa seule planche de salut; mais comme rien no l'entraînait vers (file, il s’était dit qu’il aurait le temps d’y penser un jour, et ce jour, il le reculait autant que faire se pouvait. En attendant, doucement, inconsciem ment, mais sans lutte aussi, il subissait lo charme insinuant (le Lucienne. Pou vait-il rester insensible quand la jeu nesse, la beauté, l’amour l’attiraient... Et les heures qu’ils venaient de passer, les yeux dans les yeux, plongés tous deux dans une magnétique extase, n’a vaient pas été sans jeter dans son cœur un trouble presque inquiétant. Lucienne, elle, exultait quand elle rentra chez elle. C’était donc vrai, il l’ai mait! Oui, elle l’avait vu, ce long regard atta ché sur elle; oui, elle l’avait sentie, cette main pressant la sienne. Ce n’était pas un rêve, c’était bien vrai, il l’aimait! Une nouvelle vie se répandait en elle. Des bouffées d’espérance affluaient à son cœur. Elle aurait voulu dire son bon heur à tous les échos d’alentour... La voilà donc, cette revanche que me devait la destinée : l’amour, la fortune, le bonheur, en un mot. Le lendemain, Lucienne se lova à l’aube. La journée promettait d’être belle, et la nature tout entière était comme à l’unisson de ses sentiments. Sa...