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La Presse, 2 février 1840

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La Presse
2 février 1840


Extrait du journal

cornac de spectacle public tant de facilité d'élocution, un savoir si grand, et des idées d'une portée vaste et hardie. Volney ne put s'empêcher de lui en témoigner sa surprise, quand ils furent rentrés dans le cabinet de l'étranger, car le directeur du panorama était un Américain. — Celui-ci répondit à l'observation de l'auteur des Ruines par un sourire mélanco lique. — Monsieur, lui dit-il, je vous l'avouerai, ce n'est point sans de lon gues hésitations que je me suis décidé à prendre le parti de mettre en exhibition cette sorte de lanterne magique, dont je n'ai même pas l'ex cuse d'être l'inventeur;1 mais la nécessité m'y obligeait. Né en Amérique, peintre de portraits assez médiocre, venu en Angleterre pour tirer parti de ce faible talent, et y acquérir plus de perfection, je n'ai jamais cessé, tout en tenant les pinceaux , de rêver à quelque invention de mé canique. Mon maître de peinture, le célèbre West, m'encouragea à suivre mon penchant pour ce genre d'études : grâce à lui, je parvins en 1795 à faire recevoir et examiner par le ministère anglais un projet d'amélio ration pour les canaux. Je remplaçais les écluses par des plans inclinés sur lesquels devaient monter et descendre des bateaux à roulettes. Sans mettre à exécution ces plans, on les "récompensa généreusement; il n'en fallut pas davantage pour emplir ma téte de projets de constructions de. routes, d'aqueducs, de ponts en .fer fondu, et de cent autres choses de même nature. J'écrivis en outre à M. François de Neuîchàteau, votre ' ministre de l'intérieur, pour lui démontrer qu'en appelant en France aux travaux de canalisation cent mille soldats à raison de 200 francs par an, outre leur solde,,le gouvernement, pour cinquante millions ferait exécuter sept cents lieues de canaux par année, et qu'en vingt-cinq ans, il ne resterait pas, dans tout -le pays qu'il administrait, un arpent de terre éloigné d'un canal de plus de deux lieues. Le revenu annuel du péage devait produire quatre cent soixante-trois millions; je joignis à ces projets des dessins d'une foule de machines qui en facilitaient l'exécu tion; des charrues pour creuser la terre avec une grande facilité ; des charriots qui se mouvaient par leur propre force et qui transportaient la terre au loin. Le ministre 11e me répondit même pas. L'Angleterre ne me prétait pas une meilleure attention, malgré les moulins à scier le marbre, les machines pour filer le chanvre, et les mécaniques pour fabriquer les cordages dont je l'avais dotée... Je quittai l'Angleterre et vins m'etablir à Paris, pauvre et découragé, chez M. Joël Barlow, ministre pléni potentiaire des Etats-Unis en France. Ce grand poète m'offrit dans sa propre maison une généreuse et fraternelle hospitalité que je n'hésitai point à accepter : durant sept années je ne m'occupai que de compléter mon éducation et d'étudier le français, l'italien, l'allemand, les mathé matiques, la physique, la chimie et la perspective. Carnot me prit — amitié, et voulait me seconder dans l'exécution de quelques-uns de n...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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