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La Presse, 6 janvier 1843

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La Presse
6 janvier 1843


Extrait du journal

défaut de la joie. ' . Roger s'endormit tard et d'un sommeil fiévreux, ce qui ne l'empêcha pas de se réveiller au point du jour, frais, dispos, et les yeux brillans. D'ailleurs, il avait son petit projeté lui, c'était de reconduire le coche avec Christophe, sous prétexte de demander, au nom de son père et de sa mère des nouvelles de la famille de Beuzerie à laquelle, vu l'heu re avancée où ello avait quitté le château, le baron et la baronne pou vaient craindre qu'il ne fût arrivé quelque accident. Au reste, il avait eu une première idée qui rendait la seconde toute naturelle ," c'était de donner un écu au cocher pour qu'il contrefit le malade et déclarât qu'il ne se sentait pas la force de retourner à Beuzerie. , Le chevalier, qui savait où étaitle coche, guida le gardé-chasse et le garçon d'écurie, lesquels aidés du jardinier, du métayer et de ses trois ou quatre garçons de charrue, parvinrent, à force de bras et de cordes, à hisser le coche sur la chaussée. Par bonheur, la solidité de l'antique carrosse l'avait préservé d'aucune fracture, et une fois sur les essieux, il ne fit aucune difficulté de rouler vérs Beuzerie. Quant à Christophe, aiguillonné parles coups de fouet réitérés de son jeune maître, il partit au grand trot, regimbant et hennissant en signe qu'il ne comprenait plus rien à la façon dont depuis la veille on se conduisait avec lui. " Mais à mesure que Roger approchait de Beuzerie, ses instigations, à l'endroit de Christophe, devenaient moins pressantes, et profitant de cette intermittence de coups , l'intelligent animal était passé du grand trot au petit trot, et du petit trot au pas. En effet, cette chose qui avait paru d'abord toute simple au jeune homme de ramener au. vicomte son coche, et d'aller reprendre en échange la carriole paternelle, lui sem blait maintenant une monstruosité d'audace ; il se rappelait le front sé vère de M. do Beuzerie, ses sourcils froncés, sa voix brève,, et plus que tout cela son départ précipité, et il.se demandait si celui .qui. avait mis si grande hâte a sortir du, château d'Anguilhem, éprouverait un bien grand plaisir à voir l'héritier de ce château dans celui de Beuzerie. Toittes ces réflexions rassuraient médiocrement le chevalier Roger Tan crède, lequel n'avait pas reçu au milieu des qualités dont l'avait doué le. ciel, cette heureuse hardiesse, qui est l'enjeu presque certain.du succès ; il avait donc cessé, non seulement de pousser Christophe en avant, et même il y a plus, si le cheval se fût arrêté ou eût tourné bride, peutr être son .maître n'eût-il pas eu le courage de lui faire reprendre sa course ou de lui retourner -la tète; mais heureusement, il n'en fut pas ainsi. Christophe était un hoflaête animal incapable d'une pareille action, qui n'aimait pas à être surmené, voilà tout, mais qui, lorsqu'on s'en rapportait à Jui-même, y mettait une conscience provinciale, à laquelle on pouvait se fier en toute sécurité. Il'continuadoncde s'avancer à son...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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