Extrait du journal

— Je.ne vous quitte plus. — Ah ! fort bien, je vous comprends. —- Peut-être pas complètement. Ep. nevous quittant plus, j ai d§ux buts. — Qui sont? —D'abord je vous empêehe de nuire, par ce que vous n'oserez rien entreprendre, moi présent... • — A merveille. Ensuite ? — Ensuite, je protège votre vie, que voua, perdriez certainement en entreprenant quel que, chose. ■ — Fort bien. Au bout du compte je suis charmé de la rencontre, et vous accepte pour compagnon, Jean Raymond. Aussi bien étaisje embarrassé, ne connaissant pas la ville. :—Vous voyez donc ! — Et pour commencer, je serais bien aise d'aller déjeuner. — D'aller déjeuner !.... Avez-vous oublié ces cadavres ? — Comment ! Ne trouve-t-on plus rien dans votre ville? — La duchesse de Rohan et sa famille en sont réduites à manger du chevai et du cuir bouilli. — Les hôtelleries... — Votre escarcelle est-elle bien fournie de louis d'or ou de ducats d'Espagne ? — Passablement. — En ce cas, on vou9 servira de maigres grillades de cheval à un ducat la livre. ■— Allons-y ! t — Rue des Merciers," si vous voulez, près de l'Hôtel de ville. — Près de l'Hôtel de ville ! cela me va. — Vous pourrez voir rentrer le maire, et à dix heures viendront les conseillers, pairs, échevins et membres du présidial. — Ah ! ils y viendront à dix heures ? — Si même vous le voulez, je vous ferai assister à la séance. D'une pièce voisine, où, en ma qualité de serviteur de M. Guiton, il m'est permis d'entrer, vous apercevrez tous les conseillers. Je vous les ferai connaître l'un après l'autre. — J'en serai enchanté. — Vous» entendrez leurs discours, et vous pourrez ensuite dire au cardinal combien est ferme la détermination de nos magistrats de s'ensevelir sous les décombres de la ville ou J de.mourir de faim, plutôt que de se rendre....