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La Presse, 22 octobre 1854

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La Presse
22 octobre 1854


Extrait du journal

sionomie. La préoccupation et le calcul perçaient dans ses traits, l'ordre et l'économie dans son costu me. Sa figure ronde et blanche, entièrement rasée, ressemblait à un zéro ; il y avait presque des chiffres dans son regard. . Eh s'apercevant, deux exclamations s'échappent- si multanément de leurs poitrines : — Richard!... — Julien!... Et les deux jeunes hommes s'embrassèrent avec ef fusion. — Eh ! mon cher Richard, voilà deux jours que je te cherche! J'ai un monde à te raconter !... Comment vas-tu?... Où demeures-tu? s'écriait Julien sans s'in quiéter, selon son habitude, de la réponse de son ami. — Et toi, te voilà donc revenu de chez les sauva ges? demanda Richard d'un ton demi amical, demi ironique. — Oui, et je suis sûr d'avoir mieux employé le temps que toi ! — J'en doute. — Allons donc! Qu'as-tu fait depuis que nous nous sommes séparés ? Tu as vécu ; tu es parvenu peut-être à doubler les deux mille piastres qui formaient alors ton capital, et cela en travaillant comme ùn vieux cheval de manège, et en vivant comme on vit ici : en brute ou en mercenaire. Il est vrai que ce genre d'exi stence va à tes goûts et à ton caractère. Moi, j'ai ha bité avec les Indiens de la Floride ; j'ai, vagabondé avec les nègres marrons (1) de la Louisiane ; j'ai passé ' les plus douces heures avec une belle fille du "Wisconsin, sur les bords du iacMichigan. J'aidormidans de magnifiques champs, de cannes, dont le suc cui sait sous un ardent soleil ; dans de belles et sombres forêts, pleines la nuit de cris étranges, d'éclairs brill'ans, de ruines fantastiques ; dans de.frêles et longues pirogues qui descendaient comme la flèche des payons (2), aux bords escarpés. La carabine sur l'é paule, les pistolets à la ceinture, le couteau à deux tranchans au côté; j'ai toujours marché devant moi, capricieux, insouciant et libre, et sentant que le monde entier m'appartenait. J'ai toujours trouvé dés fruits le long des chemins, du gibier dans les taillis ét des sources d'eau vive dans les bois, Oh ! qu'il est facile de vivre quand on aime le soleil, les grands horizons, et qu'on fait comme l'oiseau, qui se confia, à la Providence, et qui se contente de ce qu'il trouve au bord des fleuves,ou sur la lisière des forêts! Et qu'il est beau de vivre ainsi, indépendant de toute autorité comme de tout travail; et de pouvoir, quand il vous plaît, vous coucher à l'ombre d'un arbre ma gnifique, ou vous étendre, au grand soleil, sur l'her...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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