Extrait du journal

La retraite du cabinet est généralement considérée comme un fait d'une haute gravité politique. C'est la première fois que nous voyons une démission, qui est toujours un acte de désintéresse ment, ne pas rallier l'unanimité des suffrages. Beaucoup de dé putés de la majorité, de pairs de France et de personnes distin guées que nous avons vus et écoutés ce soir, partagent l'opinion que nous avons exprimée hier et pensent que le ministère du 15 avril pouvait et devait rester. Ce qui nous fait moins regretter la résolution qu'il a prise, c'est qu'elle donne à la coalition un dé menti accablant, dont il est possible qu'elle ne se relève pas. g|Une liste sur laquelle sont écrits huit noms rangés sous la pré sidence de M. le maréchal Soult, a circulé ce soir. Nous croyons pouvoir affirmer que cette liste n'a rien de sérieux. La coalition, il est vrai, a hautement annoncé qu'elle avait un cabinet tout prêt; mais il n'en est rien. Ses ch'efs, au contraire, ont toujours soi gneusement évité de traiter entre eux toute question de personnes et de principes. Cela s'explique parfaitement parla crainte qu'au premier mot la division éclatât dans les rangs de la coalition et en rompît le faisceaus Le rejet de l'amendement de M. Amilhauet la suppression du second paragraphe du projet d'adresse se trouvent parfaitement expliqués par le passage suivant du rapport fait en 1838 par M. Vivien, au nom de la commission chargée de l'examen de la proposition relative à la réforme du règlement; ce passage est ainsi conçu : ■ « Les opinions moyennes ont toujours le dessus; les majorités redoutera les expressions trop décidées qui engagent Caverdr\ elles préfèrent se renfermer dans une prudente réserve qui tient le pouvoir en arrêt, qui l'oblige à de continuels soins pour conser ver un appui toujours prêt à leur échapper. » Cette observation est parfaitement juste et judicieuse. Le sys tème représentatif n'est pas seulement le gouvernement des classes moyennes, mais aussi celui des opinions moyennes, selon l'ex pression de M. Yivien. - , . ' , M. le ministre des finances a présenté aujourd'hui à la cham bre des députés le budget de 1840.. La chambre des députés a volé aujourd'hui les onze premiers articles de son nouveau règlement. Il est infiniment regrettable qu'une discussion aussi importante ait lieu en ce moment où les esprits sont distraits par de graves préoccupations....