Extrait du journal

ques de leur profession. La pièce de M. Scribe ne survécut pas à la fatale circonstance qui l'avait fait naître. C'est vers ce temps, je crois, qu'il écrivit, en s'associant un esprit cultivé, plein de saillies, M. Saintine, la pièce de l'Ours et le Pacha, l'une des bouffonneries les plus spirituel les que nous ayons, un diamant enchâssé dans des charges et des quoli bets pleins de grâce : époque féconde en petites pièces, puisqu'elle voyait "■naître sur une scène plus élevée Brueis et Palaprat de M. Élienne, le Tour de faveur de M. Delatouche, deux charmantes comédies. M. Scribe, lorsque sa gloire commença, je dis sa gloire, car tous les vifs et longs suffrages qu'il a obtenus de la société la plus éclairée de Paris doivent bien signifier quelque chose,de semblable, M. Scribe, disje, voyait s'élever, par les soins d'un de ses amis, M. Delestre Poirson, un théâtre qui allait être consacré exclusivement à l'exploitation du genre contemporain et expressif, dont le premier ouvrait largement la voie. M. Scribe fit jouer à son directeur, comme pièce de début, un de ses ouvrages les plus comiques, les plus empreints de verve et de bonne, plaisanterie qu'il ait composés, le Nouveau Pourceaugnac. ' Une fois fixé au Gymnase, il éleva très haut cette petite comédie, tan tôt sentimentale, tantôt moqueuse avec esprit, cette peinture des mœurs nouvelles dont nul écrivain, n'a surpassé la délicatesse et la liberté dé • centes. Des défauls se mêlent sans doute à sa manière ; Scribe est sou vent négligé ; ses caractères, rapidement conçus, sont justes, mais super ficiellement tracés. Ses pièces sont plutôt des esquisses qu'autre chose. On voit seulement qu'une main habile s'y joue des difficultés et les sou met. Le trait est brillant, a de la finesse dans le contour, mais il manque de liaison solide ; une conception intime ne s'y pas sentir. M. Scribe accomplit dans ces dernières années un immense progrès, en ce sens surtout que son esprit sut se plier à tous les sujets, qu'il fut pro pre à tous : il écrivit mieux, et sa disposition dramatique amena de temps temps des effets plus forts ; il fut animé, judicieux, riche en ressources ; son œuvre, qui n'était pas toujours fortement tissue, était agréable, et marchait à travers les fusées d'un esprit charmant. Le goût, la verve, l'arrangement, une intention fine comme pivot, étaient les principales qualités de l'écrivain, qui s'associait successivement de jeunes débutans d'un rart mérite. , M. Scribe obtint au Gymnase pendant dix ans les.applaudissement les plus continuels et les plus flatteurs. La salle de ce théâtre, alors'si bril-...