Extrait du journal

» public et écrasé; c'était un combat, » mais ce n'était pas une défaite. Une » différence d'une autre espèce avec le » Roi s'amuse, c'est que, pour la pre» mière fois, le nom de l'auteur fut sifflé. » Il résulterait de ce récit de la soirée de .Marie Tudor, écrit avec une grande modération philosophique et un dédain calme et pris de haut de l'envers du monde dramatique, que la chute du drame de M. Victor Hugo fut une cons piration à ciel ouvert du directeur contre le poète. M. Harel y alla franchement ; ce fut de part et d'autre une guerre dé clarée et acceptée, si l'on en juge par ce bout de dialogue échangé la veille dë la première représentation. — Monsieur Hugo, dit le directeur abordant l'auteur à l'issue de la répétition générale de Marie Tudor, vous êtes bien décidé à ne pas changer votre distribution? — Ce serait un peu tard, puisqu'on joue de main. — J'ai fait apprendre les rôles en doublé. Voulez-vous? — Non. — Eh bien, votre pièce tombera. — Cela veut dire que vous la ferez tomber. — Cela veut dire ce que vous voudrez. — Eh bien, monsieur Harel, faites tomber ma pièce; moi, je ferai tomber votre théâ tre. » — Comment faut-il entendre cette fière menace? M. Hugo prenait-il avec lui-même l'engagement de donner à la Porte Saint-Martin beaucoup de sœurs à Marie Tudor, et tout aussi malheureuses auprès du public? Non; l'auteur était à la réplique; il avait cédé à une vieille habitude de placer en vis-à-vis, ses per sonnages dans la parfaite symétrie du dialogue romantique : l'antithèse, si brillante sous sa plume, s'était posée sur sa langue. Quel intérêt pouvait avoir à ruiner la fortune d'un drame, dont la lecture lui avait arraché des cris d'admiration, un homme aussi habile quefeuHarel? Mieux que pas un de ses confrères, il connais sait et savait exploiter la puissance ma...