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La Presse, 31 juillet 1836

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La Presse
31 juillet 1836


Extrait du journal

nissaient la vigueur à la légèreté. Aussi était-il évident qu'il n'obéissait à son maître, qui le forçait de marcher au pas, que parce qu'il reconnaissait en lui un écuyer exercé, et cette allure était si loin d'être la sienne, qu'au bout d'un quart d'heure de marche il ruisselait de sueur, et lançait en l'air des flocons d'écume chaque fois que dans son impatience il relevait la tête. , Quant au second personnage, il n'avait aucune ressemblance avec le portrait que nous venons de tracer de son compagnon : c'était un homme petit , blond et maigre ; ses yeux, dont on aurait difficilement précisé la couleur, avaient cette expression de finesse railleuse que nous rencontrons souvent chez les hommes du peuple qu'un accident politique a soulevés an-dessus de l'état où ils sont nés, sans cependant leur permettre de par venir aux. hauteurs aristocratiques qu'ils désirent atteindre tout en parais sant les mépriser ; ses cheveux, d'un blond fade, n'étaient taillés ni comme ceux des seigneurs , ni comme ceux des communes gens. Quant à sa barbe , quoiqu'il fut depuis long-temps en âge d'en avoir, elle était si clair-setuée qu»* l'on n'aurait pu dire si son intention était de la porter lon gue, ou s'il n'avait pas plutôt jugé inutile de la raser, vu son peu d'appa rence. Son costume se composait d'une houpelande de gros drap gris, sans ceinture et à capuchon retombant ; sa tète était couverte d'un bon net de laine de la même couleur, avec une espèce d'ornement vert alen tour , et ses pieds étaient chaussés dé bottines rondes du bout, et lacées sur le coude pied comme nos brodequins. Quant à sa monture, qu'il pa raissait avoir choisib particulièrement à cause de sa douceur, c'était une jument, ce qui indiquait du premier coup d'oeil que le cavalier n'était pas noble ; car on sait qu'un gentilhomme se serait cru déshonoré de monter une pareille bète. Lorsqu'ils eurent dépasse de cent pas à peu près les portes de la ville, le plus grand des deux cavaliers, n'apercevant au loin sur la route que des voyageurs ou des paysans, abattit le capuchon qu'il avait tenu ramené sur son visage tant qu'il avait été dans les rues de Londres. On put voir alors que c'était un beau jeune homme de vingt-cinq à vingt-six ans, aux cheveux bruns, aux yeux bleus, à la barbe roussâtre ; d était coiffé d'une petite toque de velours noir, à laquelle son rebord, à peine saillant, laissait la forme d'une calotte. Quoiqu'il ne parut pas porter un âge plus avancé que celui que, nous avons indiqué, il avait cependant déjà perdu le premier coloris de la jeunesse, et son front pâle était sillonné par une ride profonde qui indiquait que plus d'une pensée grave avait fait incli ner sa tête. Cependant à cette heure, semblable à un prisonnier qui vient de reprendre sa liberté, il paraissait avoir secoué tout souci, et renvoyé à un autre moment les affaires sérieuses , car ce fut avec an air de fran chise et de bonne humeur marquée qu'il s'approcha de son compagnon, et régla le pas de soji cheyal de "maniéré à marcher côte à côte avec lui Cependant quelques minutes se passèrent sans qu'aucun d'eux ouvrit encore la bouche, occupés qu'ils paraissaient être à s'observer mutuelle ment. — Pardieu ! confrère, dit le jeune homme à la toque noire, rompant le premier le silence, lorsqu'on a comme nous «ne longue route à parcourir...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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