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La Presse, 4 décembre 1846

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La Presse
4 décembre 1846


Extrait du journal

11 faut avouer que si les .ministres, les journaux et les peuples d'Angleterre ne sont pas invincible ment convaincus que la France tout entière est i leurs genoux en ce moment, ce n'est la faute ni des écrivains qui soutiennent à leur manière la po litique de M Guizot, ni de ceux qui la combattent à la qiaoière de M. Thiers. Le Constitutionnel ayant donné hier une seconde édition de son article-mi nistre/le Journal des Débats ne pouvait manquer ce matin de s'en approprier et d'en exagérer les conclusions. Le Constitutionnel proclame que l'ac cord de la France et de l'Angleterre est la plus puissante garantie de la paix et de Ja liberté. Le Journal des Débats répond que le Constitutionnel a pleinement raison, mais que l'accord exige l'enten te et même la cordialité dans les relations et quej par conséquent, l'opposition approuve et demande aujourd'hui ce qu'elle condamnait Mer, et il part de là pour montrer qu'il a raison de soutenir de puis six ans le droit de visite, l'indemnité Pritchard, le traité du Maroc, les désaveux de, Tahiti et toutes ces vétilles dont l'opposition a fait tant de bruit et qui ont été le prix de l'entente cordiale. Il part de la, aussi, pour prosterner de nouveau la politique dé la France devant les rancunes de l'Angleterre et pour se montrer disposé à obtenir son pardon à tout prix. Nous le répétons, en voyant les organes des deux grands partis qui se disputent le pouvoir parmi nous faire ainsi assaut de bassesses à son égard, lord Palmerston doit être persuadé que la France entière lui est soumise et qu'il y fera passer quand il le voudra, par ce trou d aiguillé dont on a tant parlé, l'opposition et !c gouvernement. Or, comme c'est cette conviction de l'ascendant que l'Angle terre croit exercer en France sur ce pouvoir et ces partis, qui entretient cette arrogance dont nous ■voyons depuis trois mois les résultats, comme l'Angleterre a pour principe de céder à ceux qui lui résistent et d'exiger une soumission complète de ceux qui lui cèdent, on peut compter qu'elle ne s'apaisera qu'après avoir reçu satisfaction com plète. Les maladroits qui s'abaissent de nouveau devant elle, après l'échec qu'ils ont éprouvé à pro pos de la protestation collective, ne voient pas qu'un peu de dignité dans le langage serait encore la tactique la plus habile: Ils ont cependant l'exem ple des Etats-Unis qui résistent toujours à l'An gleterre et auxquels l'Angleterre cède toujours. Ils ont même l'exemple de ce qui s'est passé eu France depuis quelques années. Ils savent que, quand la chambre des députés a résisté malgré les ministres, dans l'affaire du droit de visite, l'Angle terre a cédé ; que, quand à son tour, le ministère a résisté, dans l'affaire des mariages, l'Angleterre a cédé, puisqu'après avoir parlé de cas de guerre ayant la célébration des mariages, elle n'a plus fait qu'une protestation pour l'avenir. après leur consommation. Ils savent que si lord Palmerston a fait tant de bruit de cette affaire, ce n'est pas qu'il ne comprît parfaitement Ia"Vanitë des pré textes invoques par lui, e'est qu'il a eu peur que la France ne reprit enfin toute son indépendance. Ils ont pu voir, comme nous, le langage des feuils'adoucir ou redoubler d'hostilité....

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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