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La Quotidienne, 6 août 1843

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La Quotidienne
6 août 1843


Extrait du journal

sence de ma femme qui devait venir à mon aide si cela était nécessaire. Tous les jours ma fille allait passer deux heures avec Mûrie pour laisser à sa mère la faculté de prendre un peu de repos. Ce repos consistait à ve nir auprès de nous pleurer sur les souffrances de son enfant, car l’idée de sa mort ne lui était pas encore venue. Nous savions cependant par le doc teur G. que le momént fatal approchait. Elle vint donc, comme à son ordinaire, pauvrement vêtue, mais riche des trésors de sou cœur maternel. Elle nous parla longuement de la beau té, de la douceur de sa fille, de ses espérances de guérison et de ce qu’elle ferait alors : c’cst-là que je l’attendais. — Pourrez-vous faire tout cela lui dis-je? Cette maladie a dû vous coûter bien cher ? — Mon bon Monsieur, tant que je vivrai, mon enfant ne manquera de rien; je me mettrai au service pour lui donner tout ce qu’elle voudra. — Mais, vous, il faut que vous viviez : quand une fois votre cœur sera plus câline (je pensais à la résignation et non au bonheur), vous songerez à vous soigner vous même ; ce sera un devoir, et vous êtes trop bonne chrétienne pour ne pas le remplir. — Quand ma petite sera guérie, je n’aurai besoin de rien, Je serais ri che. —Ecoutez, ma bonne mère brot, reprit ma femme, nons sommes inquiets de votre avenir; nous craignions que vous ne fassiez plus que vous ne pouvez. Malheureusement nous sommes pauvres aussi, et par conséquent pus en position de vous être d’aucune ressource par nous mêmes, mais nous avons des amis qui sont riches, nous nous sommes adressés à eux, et voilà ce qu’ils m’ont remis pour vous. Ménagcz-le autant que vous pourrez ; la bienfaisance est inépuisable, mais ses moyens sont bornés. Et ma femme prit les cinq pièces d'or nouées tiens un coin de son mou choir, et d’une main tremblante les présenta à la mère de Marie, qui se précipita sur cette main, et la dévora de baisers. Je renonce à vous répéter les paroles qui sortirent ensuite comme un torrent de cette âme tendre, désolée et reconnaissante. Je ne crois pas que l’éloquence humaine sa* soit jamais élevée si b..ut qu’en s’exprimant par la bouche de celte femme sans éducation, et dont le langage était un composé de français et de patois. C’était sublime et déchirant ! Nous...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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Données de classification
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