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La Quotidienne, 7 avril 1844

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La Quotidienne
7 avril 1844


Extrait du journal

sont quotidiennement livrées à la Marseillaise. C’est faux , me dlra-t-on peut-être. —- Hélas! oui, c’est presque toujours faux ; mais ce qui est vrai, trop vrai, c’est que les spectateurs qui ont refusé d’ôter leur chapeau ont été, contre toutes les tonnes, appréhendés au corps, meurtris, insultés, et que la j olice, arrivant là-dessus, a incarcéré... les mcurtrisscurs ? non ; les victimes. Ce qui est vrai, trop vrai, c’est que les acteurs, beaucoup plus honnêtes gens que bien des comédiens à qui leur métier a rapporté beaucoup plus, ont été menacés, s’ils se refusaient à chanter l’hymne de sang et de larmes, d’etre mis en prison, à l’amende ; de perdre, en d’au tres termes, leur dernier morceau de pain. Ce qui est vrai, trop vrai, c’est que de pauvres commis, faisant partie de l’orchestre, qui avaiet cru pou voir s’absenter, sous prétexte que l’émeute n’avait rien de commun avec la musique, et la Marseillaise avec l’ouverture de Guillaume Tell, ont revu, le lendemain malin, avis de leur destitution. Ainsi, Chose inouïe , ébouriffante, incroyable! sous un ministère pour qui toute parole belli queuse, tout refrain patriotique, toute bravade contre l’étranger doit être la plus sanglante des injures; sous un ministère qui caresse lord Aber deen, mord du Petit—Thouars, et répond au nom de Guizot, des employés, des commis sont destitués, parce qu’ils n’ont pas joué : Aux armes,* ci toyens ! —Comment trouvez-vous la plaisanterie ? et ne tournons-nous pas dans un cercle que tout me donne le droit d’appeler vicieux , très vi« » Ce n’est pas tout encore : on donnait la Reine de Chypre. Mme Annette Lebrun, chargée du principal rôle, et probablement suspecte à nos auto crates, parce qu’elle est femme d’esprit, de talent et de cœur, devait pa raître dans son costume de mariée, c’est à dire avec une robe blanche, une couronne de roses blanches, et une guirlande assortie ; c’est le costume obligé, c’est celui de Mme Stoltz, et de toutes les reines de Chypre. C’était donc tout simple, allez-vous dire : simple et de bon goût, soit ; mais ne voyez-vous pas la couleur? Ne devinez-vous pas qu’il y avait une rébellion dans cette robe, un complot dans cette guirlande, «t que cette couronne n’était là que pour en narguer une autre? plagiaire de ce préfet modèle qui, pour se procurer des glaces tricolores, les avait fait teindre d’indigo, et donna à ses convives une indigestion constitutionnelle et des nausées dynastiques, nos fortes tètes municipales ont décidé que les roses n’avaient pas le droit d’être blanches ; que les feuilles n’avaient jusqu’ici passé pour vertes qu’auprès ries mal intentionnés ; que se marier en blanc était un pa radoxe insolite, et que, d’ailleurs, la police ne s’arrangerait jamais avec ces emblèmes d’innocence. D’après quoi, Mme Annette Lebrun a été sommée de défaire bien vite la guirlande et de déposer la couronne, sous peine d’être huée par les chanteurs de Marseillaise, et mise en prison par les dé feu* seurs officiels de l’ordre ; deux classes bien dignes de s’entendre, de s’ap précier et de s’unir, sous le triple rapport de la logique, des belles maniè res et du courage civil. » 1 REVUE DES JOURNAUX. « Le règlement donne à la chambre des députés le droit de désigner, par la voie du scrutin, les commissaires qui doivent examiner les projets de loi et en faire ensuite le rapport. Ce droit n’a pas encore été exercé. Il nous semble cependant qu’il serait très convenable d'en faire usage dans les questions de chemins de fer, qui excitent à un si haut degré les rivaj lilés des localités en concurrence pour l’obtention d’un tracé. Ces rivalités ! locales pénètrent dans la chambre et font d’un grand nombre de députés | des avocats pleins d’ardeur pour le succès de la cause favorable à leur ar rondissement. Nous comprenons ce zèle quelquefois excessif des représen tais des départemens intéressés, mais ce que nous ne comprendrions pas, c'est que la chambre s’y associât en choisissant pour juger un projet de loi les hommes qui sont le moins propres à l’examiner sérieusement et sans préoccupation exclusive. Nous pensons que dans ces sortes de questions le choix de la commission devrait être fait par la chambre entière ; mais puisqu’il n'en est pas ainsi, nous espérons du moins que les bureaux se tiendront en garde contre la candidature des membres de qui on ne peut attendre aucun jugement impartial. » (Siècle.) Ces réflexions sont fort justes, nous désirons qu’elles soient prises en I considération....

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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