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La Quotidienne, 9 septembre 1832

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La Quotidienne
9 septembre 1832


Extrait du journal

un profond sentiment de douleur, nous ne pourrions envisager cette paix sans effroi si nous devions l’obtenir au prix des conditions que la confé rence de Londres paraît vouloir nous imposer. « Une paix aussi désastreuse serait indigne de la nation et de V. M., à peine pourrait on l’imposer à des vaincus. La Belgique ne peut sans un opprobre éternel se plier à l’état d'abjection auquel on voudrait la réduire en lui en levant son commerce maritime, et son industrie. « Les Belges répondant à l’appel de leur roi, confians dans la voix de leurs mandataires n’ont reculé devant aucun des sacrifices qui leur furent demandés. Ils ne veulent point perdre le prix de ces sacrifices, et V. M. elle-même a déclaré qu’elle ne souscrirait a aucune condition incompatible avec l'honneur national et la dignité de son trône. Que plutôt la force de nos armes nous rende toute la prospérité qui doit résulter pour nous de la position que notre patrie tient de la nature. Et si, ce qu'à Dieu ne plaise, le succès ne répondait pas à l’espoir de la nation, si la fortune trompait les efforts et le courage de l'armée, il y aurqit moins de déshonneur à tran siger alors avec les vainqueurs qu'à se soumettre actuellement l’arme au bras. » S’il était des hommes qui voulussent acheter la paix à tout prix, qui tremblassent devant les chances d’une guerre que l’honneur commandera peut-être, si ces hommes faisant allusion aux temps anciens, osaient insi euer à V. M. que la Belgique sans commerce et sans relations extérieures pourrait exister encore, ils mentiraient à eux-mêmes et feindraient d'igno rer qu'il faut à la Belgique régénérée sous Léopold d'autres conditions d’existence qu’à la Belgique autrichienne. » Léopold a fait une réponse vagne en protestant de sa sollicitude pour les intérêts du pays. Tout cela est à merveille , mais il n’en est pas moins vrai que la Belgique ne connaîtra officiellement la décision de sou sort qu'au printemps prochain ; ce qui est bien autrement grave , c’est que dès à pré sent cette décision est prise. Néanmoins , comme elle est, ainsi qu’on de vait s’y attendre , des plus fatales à" la Belgique , nos ministres , pour mieux nous y préparer et comptant nous assouplir en nous exténuant, ont obtenu que la publication et la mise à exécution n’en auraient lieu qu’au retour de la belle saison; ils ont calculé qu’un supplément de 7 à 8 mois au statu quo actuel leur suffirait pour atteindre leur but, e’est-à dire, l’entière soumission ou plutôt la complète lassitude de la nation. Nous voilà donc condamnés ; seulement notre sentence ne nous sera lue qu’après l’hiver. Alors nous apprendrons que les puissances, d’accord avec le roi Guillaume , et du consentement de Léopold et de ses ministres, nous contraignent d’accepter des conditions que l'ennemi le plus acharné ou le vainqueur le plus orgueilleux et le pluv dur oseraient à peine essayer de nous imposer. Oui, la chose est, dit on , décidée , et cette fois elle paraît l'être d’une manière irrévocable , la navigation de /'Escaut sera soumise à un péage, et désormais les objections, contre cette inique décision seront inutiles , les protestations , les plaintes ne serviront de rien. Toutes les ten tatives pour améliorer notre triste position resteront infructueuses : il en sera du traité moderne, comme du traité de Munster en 1648, comme des traités de Séville en 1729 et de Vienne en 1752. Ces deux derniers traités nous les subîmes grâce à Philippe régent de France , et ce sera pour nous un rapprochement historique , eufieux à la fois et pénible , que de remar quer que ce fut à un d'Orléans que la Belgique dût sa misère en 1752 , et que ce sera à un d’Orléans encore qu’elle a «Ira dû son humiliation et sa ruine en 1852. 1 * . De la terre encyclique du saint-père. — Nous n’avions jamais pu nous expliquer l’approbation que, suivant le Courrier de ta Meuse, le souve rain pontife avait donnée à la révolution belge. La lettre encyclique du saint-père est venue lever tous les doutes qui pouvaient exister à cet égard. Toutes les doctrines professées par dés hommes pervers, la corruption qui soulève les peuples contre le» gouvmiemens Migitimes, la licence qui se coue le frein des lois, qui renverse les idées dordre et dobéissance, en un mot tout cet échafaudage de phrases et de mots sur lequel on avait éta bli ie droit sacré dinsurreclion, est pulvérisé parla cour de Rome. Ou ne voit pas qu’elle adopte les distinctions ingénieuses entre line révolution dans le but de reconquérir les libertés fondamentales, et celle qui n'est motivée que par le désir de recouvrer des libertés secondaires. La lettre encyclique, sans nommer notre glorieuse, la condamne évidemment et formellement comme toutes les autres. Il ne sera pas sans intérêt de savoir comment notre ambassadeur à Rome se tirera de sa mission. Quelle figure devra faire le représentant d'une ré volution devant celui qui les réprouve et les condamne toutes7 Quel lan gage pourra-t-il tenir pour obtenir le pardon d’un acte que le père commun des fidèles a d’avance frappé d’anathème? Supposer une transaction sur ce point capital, ce serait faire la satire la plus sanglante du successeur de Saint-Pierre, ce serait lui supposer dans des intérêts purement humains deux poids et deux mesures. C’est ce que de vrais catholiques ne diront ni ne penseront jamais. Convocation des chambres.—On sait qu’aux termes de l’article 70 de la constitution, les chambres se réunissent de plein droit le deuxième mardi de novembre , à moins que le roi ne les convoque avant cette époque. Nous ne pensons pas que le ministère laisse arriver ce terme fatal ; ce serait de sa part un bien mauvais calcul , car on ne pourrait s’empêcher d'attribuer ce retard à la peur de se trouver en face de la représentation nationale. D’un autre côté, il est vraisemblable que les affaires ne seront point arrivées à un point de maturité qui permette au gouvernement d’ouvrir la session le 15 de ce mois. Il est donc à présumer que cette ouverture aura lieu du 15 au 25 octobre seulement. Nouvelles diverses.—Nous avons annoncé l'entrée de marchandises dans le nouvel entrepôt d’Anvers; nous avons dû le croire, mais il n’en est point ainsi. L’entrepôt, dit on , a été loué au génie jusqu’au 13 septembre ; on avait cru qu’il n'y aurait point eu d’obstacle à l’entreposage , et même on...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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