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La Quotidienne, 10 décembre 1839

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La Quotidienne
10 décembre 1839


Extrait du journal

’ qui visait sans doute à l’éclat des factum de Voltaire en faveur de Calas et du chevalier de Labarre. Le manifeste de M. de Balzac n’a pas sauvé le malheureux, dont cette démonstration Imprudente eût plutôt empiré la position, si la chose avait été possible. Depuis long-temps, l’on assure que la députation est l’objet des vœux de M. de Balzac. Il faut l’avouer ; les bancs du Palais-Bourbon n’ont pas exercé, jusqu’à présent, une in fluence très favorable sur les talons littéraires qui sont venus s’y asseoir. Un poète célèbre, tombé des hauteurs du ciel dans les réalités vulgaires du gouvernement représentatif, en est arrivé à composer de tristes vers, sans faire, par compensation, de bons discours ; et nous n’osons espérer que l’atmosphère de la chambre ait le privilège de rendre à M. de Bal zac ses inspirations d’un temps meilleur. La préface du Grand homme de Province peut être considérée com me le complément de celle de la Femme Supérieure : c’est une suite aux lamentations amères déjà formulées par M. de Balzac, que l’on pourrait vraiment appeler le Jérémie de la littérature. M. de Balzac va jusqu’à se plaindre des louanges exagérées données, dit-il, à Eugénie Grandet, dans le seul but d'étouffer ses autres ouvrages. Nous croyons trouver ici, d’une part, une modestie trop grande, sans doute, à l’égard d'Eugénie Grandet ; de l’autre un amour-propre un peu trop paternel pour des productions qui ne méritent pas cette tendresse. M. de Balzac n’est pasle seul écrivain ni le seul père qui se mire, avec une préférence aveugle, dans ses enfans le moins heureusement doués. Il n’y avait aucune exagé ration et surtout aucune intention mauvaise dans les éloges donnés i Eu génie Grandet, œuvre toute remplie de vérité, d’intérêt, de détails et de caractères finement modelés. Mais voyez un peu la position du journal, qui, aux yeux de M. de Ba!zac, passe toujours pour un ennemi, soit qu’il s’avise de le critiquer, soit qu’il fasse son éloge ! Nous ne savons quel parti prendrait, en cette occurrence, le plus habile faiseur de juste-milieu. Ne rien dire du tout, ce serait un autre genre de synètne hostile, et d’ailleurs M. de Balzac n’est, sous aucun rapport, un de ces auteurs sur lesquels il est permis de garder le silence. Dans cette foudroyante préface, M. de Balzac nous le déclare en termes clairs et nets : « Les journaux n3 sont pas moins funestes à i’éxi-tence des écrivains modernes que le vol permanent commis à leur préjudice par la Belgique. » Le jourual b’e»t rien moins qu’au bâton pestiféré sur lequel M. de Balzac a « u le bonheur de ne point s’appuyer pour faire son chemin. Il se félicite de n’avoir jamais imploré cette hypocrite tyrannie. Il a enfin « le droit chèrement acquis de regarder eu face ce cancer qui dévorera peut-être le pays. » M. de Balzar n’y va pas de main Morte, il...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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