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La Quotidienne, 15 juin 1832

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La Quotidienne
15 juin 1832


Extrait du journal

contre des Français lui seront aujourd’hui d’un sccoars plus effi cace ? Nous avons peine à nous persuader que les visites domiciliai res et les arrestations agissent d’une manière heureuse sur les mouvemens de l’industrie. Et la mise en état de siège de la capitale ne nous paraît pas un moyen héroïque et assuré de procurer à toutes les valeurs une élévation , à toutes les denrées une consommation qui, en aug mentant le bien-être public, aident à payer plus facilement des contributions qui semblaient trop lourdes deux jours aupa ravant. Au contraire, et en raisonnant avec plus de logique sur le ré sultat de ces événemens. ne faudrait-il pas en conclure que toutes les misères précédentes en seront aggravées, et que. loin de cal mer les mauvaises, humeurs antérieures, les coups de fusils et les boulets de canon n’ont fait que les aigrir et les animer? Veut-on des rapprochemens historiques ? Le directoire a triom phé au 18 fructidor ; il n’en a pas été plus puissant et plus dura ble ensuite. Le 18 brumaire ne s’est pas fait attendre. Nous ne faisons pas de comparaisons des hommes et des choses. Ecrivains politiques, nous rappelons des faits et des conséquences. L’étaf de siège ne saurait défendre ou empêcher cela. En définitive, et si les journées des 5 et 6 juin ont pu tourner momentanément au-profit du pouvoir, ce triomphe remet-il la société propriétaire, commerciale et industrielle dans une situa tion plus prospère? lui offre-t-il un prochain dégrèvement d’im pôts, une plus grande sécurité de paix intérieure et extérieure , un développement de libertés promises et attendues? La mise en état de siège d’une partie de la France, y compris la capitale, estelle une espèce de sans dot politique qui réponde à tous les be soins, qui répare toutes les misères, et qui détruise les préven tions et l’éloignement qui semblaient régner de tous côtés? Mais alors, si les journées des o et 0 juin n’amènent pas ces résultats, on pourrait croire qu’elles en produiraient d’une autre nature, et que leur seul effet se bornerait à des Français de moins , à des inimitiés de plus, et à un plus grand malaise dans toutes les si tuations. Il n’est pas inutile d’énumérer tous les avantages consécutifs que le pouvoir a déjà retirés de la mise en état de siège et des me sures qui ont été adoptées à l’appui. D’abord il a excité contre lui une opposition universelle dans le barreau de Paris, par l’illégalité de l’ordonnance du 7 juin et l’adoption du principe odieux de la rétroactivité , anachronisme homicide emprunté à la barbarie par la civilisation doctrinaire. Et cette généreuse indignation du barreau parisien sera partagée par tout le barreau français , car en matière d’équité et d’honneur il n’y a jamais controverse, il y a unité en France. Puis, par l’ordcnnance de police qui fait de la délation un de voir et veut transformer les bienfaiteurs de l’humanité souffrante en dénonciateurs , il a excité contre lui la généreuse indignation du corps honorable des médecins. Et cela a été si loin que par un événement inoui dans nos annales, une ordonnance adminis trative se trouve frappée de nullité par l’indignation publique, de sorte qu’il a fallu laisser tomber par impuissance une prescription que devaient interdire l’équité et l’honneur. Joignez à cela les pré cautions draconiennes dont on entoure les lits des blessés dans les hôpitaux pour que la pitié ne fasse pas tort de quelques arrêts de mort aux hommes du 7 juin , et vous concevrez combien le système actuel a pu gagner en popularité parmi les médecins qui en soignant les malades ont la douleur de penser que plus ils accélèrent leur guérison plus ils rendent peut-être l’heure de leur mort prochaine. En troisième lieu . par les rapports demandés sur les absences remarquées pendant les deux journées de juin dans les rangs de la garde nationale, le ministère a d’abord soulevé contre lui l’indi gnation de ceux de qui il réquerait ces espèces de dénonciations. Puis il a fait ce qu’il y a de plus propre à mécontenter toutes les 1 grandes compagnies, en établissant ainsi dans la garde nationale des catégories qui doivent laisser la majorité de ses membres sous une espèce de censure morale. A toutes ces fautes ajoutez encore celle que le ministère commet en blessant profondément toute l’opposition parlemen taire de gauche par les invectives furibondes que ses organes pro diguent au compte rendu, sans songer qu’on lit au bas de ce ma nifeste 113 signatures, c’est-à-dire celles de plus d’un tiers des membres de la représentation législative. Ainsi de compte fait un arbitraire de huit jours a déjà servi aux ministres du 7 juin à soulever contre eux les corps honora bles et nombreux des hommes de loi et des médecins qui compo sent les deux aristocraties intellectuelles de l’ordre de choses ac tuel, à mécontenter la garde nationale qui fait sd force matérielle,, à insulter une portion de la chambre élective dont le ministère a besoin, car il lui est nécessaire de modérer son opposition ét non de l’enflammer. Tous ces résultats n’étonneront point les hommes politiques qui savent bien que par une loi de sa nature l’arbitrairè tend à s’isoler ; mais si c’est là son instinct, c’est aussi là son péril et la cause ordinaire de sa ruine. Les plus grands ennemis du système actuel ne pourraient que souhaiter une chose . c’est de lui voir courir quelque temps encore cette carrière d’illégalité où il a rem porté en huit jours tant et de si grands avantages. Il aurait bien tôt réussi à tourner centre lui toutes les sympathies comme tous les intérêts, et à force de frapper sur tout le monde, il arriverait...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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