Extrait du journal

NOUVELLES D’ESPAGNE. Le voyage de l’infant don Francisco de Paula n’est pas un accident sans importance dans les mouvemens qui troublent et ensanglantent la malheureuse Espagne. Il contrarie évidemment des intérêts et des calculs qui commencent à s’avouer avec assez de franchise. Il a donc dû rencontrer des obstacles de l’un et de l’autre côté des Pyrénées. Aujourd’hui il n’est plus douteux que le gouvernement provisoire de Marie-Christine à Vittoria n’ait prétendu interdire à l’infant l’entrée de la Péninsule. Le Memo rial des Pyrénées nous apporte en effet le texte de l’arrêté pris, le fi octobre, par M. Montés de Oca, et publié, le 8, dans le 1 asconejado, journal de Bilbao. Voici cette pièce : « Le gouvernement révolutionnaire de Madrid a dernièrement résolu d’apporter un nouvel aliment combustible aux passions qui menacent d’incendier la malheureuse Espagne, en rappelant dans le pays l’infant don Francisco de Paula, afin de créer de nouvelles divisions à l’aide de son origine royale. Le gouvernement provisoire ne peut pas consentir à ce qu’on abuse à ce point de la docilité de S. A. pour des choses préju diciables à la paix publique et aux intérêts de tous les Espagnols. Lu conséquence, il a arrêté : » Art. 1er. Est défendue l’entrée en Espagne de S. A. sérénissime l’infant don Francisco de Paula et de son illustre famille, jusqu’à ce que S. M. la reine doua Marie-Christine de Bourbon ait recouvré le libic exercice de son gouvernement et qu’elle décide elle-même à eut égard ce qui lui paraîtra juste et convenable. . Art. 2. Les autorités civiles cl militaires des trois provinces basques et de la Navarre sont chargées, .-ous leur plus étroite responsabilité, de l’exécution de cette disposition. . Vittoria, le <> octobre 1841. MANUEL MONTES DE OCA. » La date de cet arrêté est assez remarquable. En effet, Vittoria a fait son mouvement le 5, et l’arrêté est du fi. On voit que M. Montes de Oca n’a pas perdu de temps. Il est permis de croire qu’on y avait déjà pensé à Paris. Quelle a été la part du gouvernement français dans les obstacles qui ont été opposés au voyage de l’infant ? Le National a publié à ce sujet une lettre très curieuse : . Mon cher ami, nous sommes arrivés à Pau hier au soir, à onze heures, avec l’intention d’accompagner en Espagne S. A. IL l’infant don Francisco de Pau le. M. I loyos, envoyé spécial du régent, se rendit aus sitôt à l’hôtel de la Préfecture, pour obtenir lu visa de nos passeports. Le préfet du département, qui nous attendait sans doute, refusa obsti nément de nous autoriser à continuer notre voyage ; et des explications un peu confuses, qu’il voulut bien nous donner, il résulta pour nous (pie M. le préfet avait reçu l’ordre supérieur de s’opposer, par des avis officieux et au besoin par l’intimidation, à l’entrée immédiate de 5. A. B. en Espagne....