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La Quotidienne, 24 décembre 1843

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La Quotidienne
24 décembre 1843


Extrait du journal

rappeler, ses yeux remerciaient encore lorsqu’elle s’éloigna ; Jules la sui vit du regard et vit qu’elle se rendait à l’église, dent une des portes don nait sur le parc. M. de Civray le rejoignit an moment où Marie venait de le quitter. — Dois-je attribuer, mon cher Jules, dit-il en souriant, l’état où je vous vois, à la pensée de votre prochaine séparation? vos vieux amis sent sensibles à ce témoignage de votre attachement. —Je méconnaîtrais vos bontés pour mol, si je n’éprouvais une véritable peine de notre sépa ration, dit Jules, déconcerté de l’air un peu railleur de M. de Civray; il se hâta de prendre congé de la comtesse et de sa famille ; puis, il porta avec intérêt ses regards sur le parc ; le comte, qui suivit ce mouvement, de vina que, dans la pensée de Jules, tous ses adieux n’étaient pas laits; mais loin de vouloir le retenir ; —Mon cher ami, lui dit-il, malgré tout notre plaisir de vous posséder, il me semble sage de fixer votre attention sur le cadran : il est dix heures, et si vous partez à midi... — Vous avez raison, dit le voyageur, un peu mécontent de cet avis ; adieu, adieu donc, et puisse le printemps nous réunir encore. — C’est notre vœu à tous, dit le comte ; je vous suis jusqu’à l’avenue ; il me coûterait de perdre un seul des instans que je puis passer avec vous. Jules venait de quitter son ami et prenait tristement le chemin de Menneville, lorsqu’il entendit prononcer son nom ; la voix partait d’un arbre élevé où s’était posté Pliilippon. — Que fais-tu là, commissionnaire de malheur, dit Jules en le reconnaissant;—Moi, monsieur, ah! vraiment ce je que fais; mon métier de chaque jour, dit le sacristain ; devenu tailleur d’ar bres, j’émonde des branches, comme vous ie voyez ; quant à la commis sion, mon épouse m’avait perdu votre lettre; je voulais me fâcher, mais selon son habitude, elle a pris les devans et s’est mise à gronder ai fort qu’elle m’a fermé la bouche : mais Mme de Menncville a votre lettre de puis hier, je l’ai retrouvée dans la huche, et tout enfarinée, mais le pa pier n’en était que plus blanc. — Tu ne seras cependant pas surpris, dit Jules,si je choisis désormais un autre messager.—Monsieur, reprend Philippon, vous êtes bien ie maître , seulement si j’ai un conseil à vous don ner, lâchez que votre commissionnaire soit encore garçon, une femme gâte toutes les affaires ; croyez-en mon expérience, car Dieu sait ce qu’elle me coûte.—Sois tranquille, je m’y prendrai mieux que par le passé.— En achevant ces mots le jeune cavalier mit son cheval au galop, et arriva à Menneville au moment où sa mère se disposait à partir. Nous ne le suivrons pas dans le tourbillon des bruyans plaisirs de Paris, il nous suf fira de dire qu’il n’en fut nullement ébloui. Elevé par un précepteur distingué, dans le château de ses pères, il ce...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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Données de classification
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