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La Quotidienne, 24 mai 1838

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La Quotidienne
24 mai 1838


Extrait du journal

L’auteur de 1 Histoire de France sous Louis XIII a raconté d’une façon attachante le soulèvement du duc Henri de Montmorency, ses vail lantes luttes dignes d’une meilleure cause, et sa belle mort; il a senti le noble et triste intérêt qui s’attache à ces tragiques aventures. « L'historien hésite à le nommer, dit M. Bazin, et se sent pris d'une invincible douleur à l'approche de la catastrophe qu’il doit raconter. Il y a tant de faveur en France pour le nom de Montmorency, qu’on voudrait ne l’entendre mêler qu’a de nobles événemens, ou tout au moins à des fautes illustres. Celui qui le portait alors, sans avoir eu l’occasion de s’élever jusqu’aux vertus qui font les grands hommes, avait montré toutes les qualités d’un seigneur aimable, vaillant et généreux. La cour l’avait vu dans ses fêtes, brillant de beauté, de grâce et d’élégance ; il s’était distingué dans les combats par une bravoure toute chevaleresque. Les gens de lettres lui tenaient compte de l'affection constante qu’il avait montrée pour le jeune poète Théophile, bruyante célébrité de ce temps, qui n’a pas même gagné un peu de renommée à souffrir l’exil et la prison. Il était counu du peuple, aimé des dames, adoré dans sa maison, honoré dans son gouvernement. Il s'était toujours tenu à l’écart des intrigues, et on ne le trouve pas au nombre des grands, qui firent payer si cher à la régence leur fidélité ou leur révolte. Un tel homme semblait ne devoir prendre parti, hors de l’obeissance, que pour une de ces grandes et saintes causes qui justifient tout, et où l’on peut même succomber avec gloire. » Un fait qui m’a souvent frappé en réfléchissant sur la carrière politique du cardinal de Richelieu, c’est en quelque sorte le peu de place que sem blait tenir dans la vie cet homme dont la volonté gouvernait la France et remuait l’Europe entière. Cette, grande intelligence avait pour enveloppe nu corps faible et délicat ; les fils qui attachaient Richelieu à l’existence paraissaient toujours sur le point de se briser ; les infirmités et les souf frances avaient fait du cardinal ministre une nature si fragile, si périssa ble, quelque chose de si fugitif que parfois lui-même pouvait ne pas être bien sûr d’être encore de ce monde. De plus, songez aux sourdes haines, aux ténébreux complots qui menaçaient continuellement celte chétive existence. Combien de fois la surveillance ou la peur désarmèrent des assassins suscités contre les jours du cardinal ! Les ennemis de Richelieu, pour frapper des coups plus sûrs, appelaient à leur secours les esprits de l’abîme ; des hommes furent condamnés à être pendus pour attentat à la vie du premier ministre, à l’aide d’invocations, de charmes et de prépara tions magiques. Ainsi partaient à la fois de la terre et de l’enfer des efforts passionnes pour éteindre un petit souille de vie. Pour compléter les périls qui, d’un moment à l’autre, menaçaient d’a battre Richelieu et sa grande politique d où dépendaient les destinées de la France, on doit ajouter à l’extrême fragilité de sa vie, l’extrême fragi lité de sa position comme premier ministre d’un roi capricieux et faible...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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