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La Quotidienne, 26 juin 1832

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La Quotidienne
26 juin 1832


Extrait du journal

qu’on doit laisser de côté le succès précaire d’un coup de déses poir, succès qui a pu dépendre de circonstances fortuites, et qu’il ïaut rechercher non pas quel est celui qui est entré à pleines voiles dans l’arbitraire, mais celui qui a résisté le plus long temps au courant qui l’y portait. Comme le bien-être des peuples fait le mérite des gouvernetr.ens , comme l’état légal est la règle et l’arbitraire l’exception, ce principe-là devrait être proclamé le plus méritant et le plus fort, qui a vécu le plus long-temps dans les conditions légales, et qui a placé la France dans la situation politique la meilleure soit au-dehors, soit au-dedans. Ici les faits sont trop récens et la vérité trop éclatante pour laisser de la place aux phrases. Le parallèle est écrit dans toutes les mémoires, et, après le 7 juin , la conscience publique a pu prononcer son jugement. Qu’on se souvienne qu’à peine les hom mes du milieu ont réussi à donner h la France autant de mois de stricte justice que la Restauration lui avait donné d’années de li berté véritable ; que l’on considère une période de misère succé dant à une période de prospérité, le système des concessions remplaçant celui des victoires, la honte d’Ancône mise en regard de la gloire d’Alger, et dans ce texte des événemens il y aura de quoi dispenser des commentaires. Certes, on peut dire qu’un système oui a lait descendre si bas la fortune de la patrie , est par là même vaincu, et que sa défaite morale est à l’épreuve de tous les succès matériels. Le triomphe du 7 juin sur la loi n’est point l’avénement, mais la fin d’un prin cipe et d’un système. Aussi, c’est au moment où le ministère re garde , dans son aveuglement, sa cause comme gagnée que les hommes politiques proclamant sa succession ouverte, examinent la situation des partis pour rechercher ce qu’ils ont à faire et ce qu’ils peuvent faire pour la France. Quant au parti du milieu on peut dire que le ministère du m~lieu l’a tué. Ce ministère qui avait commencé par manquer à la première condition de son programme, qui promettait les désar mement cl une paix honorable au-dehors, est entre dans sa se conde phase le î juin, en désertant ses promesses de légalité et de constitutionnalité. L’épreuve qui avait commencé le 13 mars est terminée aujourd’hui, puisque les hommes qui avaient voulu faire de l’ordre sans le principe de l’ordre, de la légalité sans le principe de la légalité, ont vu leur système user la vie de M. Périer pour venir expirer dans la faiblesse de M. de Montalivet, précipité dans l’omnipotence. Or les systèmes qui ont abouti à leur conclusion ne sauraient recommencer leur cours. Il ne reste du milieu que la situation déplorable qu’il nous a faite au-dehors, et l’arbitraire vers lequel il nous a conduits au-dedans; ce 11’est donc pas lui qui nous débarassera de eet héritage de maux dont il a grevé le présent et l’avenir de la France. Quant à la gauche, c’est déjà contre elle un grave préjugé que d’avoir été vaincue par le milieu. Son impuissance a lait la puis sance du 13 mars. Elle portait et porte encore en elle le principe de la guerre , sans avoir aucun moyen de la faire avec succès , et il a fallu que cet isolement politique fût bien avéré , que ce dé faut de toutes chances favorables lut bien évident pour que dans un pays d’honneur et de courage comme la France , on ait pu supporter si long-temps les humiliations d’une paix de justemilieu. Joignez à cela que les circonstances extérieures lut sont moins favorables que jamais. Est-ce au moment où les puissances du Nord semblent su disposera occuper militairement l’Alle magne pour y étouffer le ferment révolutionnaire , que l’avène ment de la révolution au pouvoir pourrait être avantageux à la France? Quelles sympathies pourraient exister entre elle et l’Eu rope ? Quels moyens la gauche nous fournirait-elle pour éviter une collision de jour en jour plus imminente , ou bien où trou verait-elle des alliances qui , doublant ses forces, pussent taire tourner à notre prolit l’issue d’une collision européenne .’ Plus isolée et plus faible qu’en juillet, contre l’Europe plus compacte et plus forte qu’elle ne le fut jamais, la révolution ne recevrait le dépôt de la fortune de la nul rie nue nour la sacrifier en holo causte sur au dehors impuissante à rétablir nos libertés au dedans. Les constitutions une fois violées n’ont plus de vie pour personne. Ce sont comme " ‘ ’ “ * • ■ ’ ' dès...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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