Extrait du journal

HISTOIRE F.T YOYAGiS. Les Hommes et les Mœurs aux Etats-Unis db Amérique, par le colonel Marmi ton. 2 vol. in-8°. Ouvrage traduit de l’anglais sur la 5° édition (1). Une nation sans roi, ou avec un chef élu et temporaire, chez laquelle il semble que tout homme peut parvenir à celle supériorité sociale ; une li berté de religion et de conscience sans limites ; l’absence presque complète d’une armée permanente ; la presque nullité, par conséquent, des contri butions générales ; la liberté individuelle garantie par le désarmement du pouvoir de tout moyen administratif et arbitraire ; une justice à peu près sans salaires ; les nominations des emplois rétribués ou non rétribués sou mises à l’élection : nul privilège ou litre nobiliaire ; l’égale répartition des impôts et le suffrage universel ou la participation complète de tous les in dividus aux élections de toutes les charges ; voilà, ce semble, une nation primordiale, un gouvernement modèle, et c’est ce que les amis des liber tés américaines septentrionales n’ont cessé de présenter à l’admiration de l’Europe depuis que M. de Lafayette est revenu du pays transatlantique avec le litre de citoyen des Etats-Unis, l’ordre de Cincinatus et la propriété d? quelques millions dans des terres qu’il a vendues, toutefois en n’en con servant que quelques pelletées pour recouvrir sa dépouille mortelle. Pour notre compte , nous ne demandons jamais mieux que d’admirer ce qui est admirable ; nous convenons volontiers qu’une partie des situa tions sociales, que nous venons d’énumérer , présente des avantages na tionaux très-souhaitubles ; et, enfin , nous nous empressons de dire que si le simple Anglo-Américain trouve dans celte constitution politique tous les bienfaits qu’une société doit désirer dans sa nombreuse agglomération ; Si la population nationale s’augmente ; si les mœurs s’adoucissent ; si la santé est florissante ; si la probité publique est en honneur; si la justice est loyalement rendue; si les lois de rapports intérieurs sont humaines, claires, * la portée de tous ; si l’instruction est répandue ; si les sciences , les let tres et les arts sont cultivés et prospères ; si l’honneur des particuliers est suffisamment protégé ; si les habitans sont unis par des doctrines, des serttimens et des cultes de religion qui répondent à la vérité divine et à la di gnité. humaine ; si, enfin . ce peuple 11’est point troublé par des débats do mestiques résultant de sa constitution nationale , nous féliciterons sincèrement les Américains du nord de former la nation la plus favorisée de Univers par son ciel, son sol, sa morale, son gouvernement , sa religion et sa parfaite prospérité. Mais les Américains jouis.scnt-ils réellement de tous ces bienfaits, et leurs admirateurs continentaux sont-ils bien assurés que la grande f Aération américaine . avec sou territoire presque aussi vaste que celui d • I Europe , et loin de l’atteinte des irruptions étrangères, avec ses ôo millions d’hamOus, ses grands fleuves et surtout son pouvoir électif, sa constitution Politique, sa liberté de conscience , soit aussi tranquille, aussi prospéré aussi disposée aux progrès de la civilisation , à la jouissance des biens cl < es droits que les autres nations de la vieille Europe? Mêlas ! non , et lonPs ces peintures du bonheur social américain tombent devant la réalité...