Extrait du journal

Nous n’avons pas la prétention d’ex primer aujourd’hui, au pied levé et juand les chiffres certains et définitifs le nous parviennent que successivenent, les diverses réflexions que sug gèrent les résultats du scrutin munici pal à Paris. Nous nous bornerons à dire que la grande cité républicaine vient de donner une nouvelle preuve de sa rare intelligence politique. Paris a manifesté son opinion de manière à ne laisser subsister aucun doute : il veut la République progressive, et il ne veut pas des partis et des groupes dont l’agitation bruyante et factice pourrait en entraver les progrès. On a essayé de poser en face delà République un autre gouvernement, sinon l’absence même de tout gouvernement. Que l’on compte les voix, et l’on pourra juger ce que pèse ce prétendu. gouvernement dans les sympathies de la population ! C’est une défaite, un écrasement ! Et cependant, on peut le dire, les candi dats n'étaient pas trop mal choisis : c’étaient les plus sérieux, les plus con sidérés. Leurs théories ont été condam nées, repoussées. Nous signalons ce fait considérable à la France et à l’Eu rope. Elles peuvent apprécier la valeur des déclamations qui sont de mode, dans u ne certaine presse réactionnaire don t les ramifications s’étendent partout, même à l’étranger, et qui tendent à représenter la démocratie française comme livrée à toutes les exagérations, en proie aux violences désespérées. C’est tout ce que nous voulons dire sur ce point. Il y aura lieu d’y revenir, parce qu'il y a non-seulement des ques tions de chiffres, mais des questions de personnes à examiner. Voilà donc à quoi devaient aboutir toutes ces polé miques, toute cette agitation sur les quelles on comptait pour effrayer les électeurs paisibles et pour échauffer les esprits enclins à se passionner 1 Car il y avait à ce jeu dangereux un double péril. Mais à quoi bon en parler ? Il n’y a pas, il n’y a jamais eu de péril que dans les imaginations inquiètes qui lie se rendent pas compte de ce qu’est, de ce que pense, de ce que veut la démocratie française. Ainsi, prenez pour exemple la tentative de ceux qui ont voulu arborer le drapeau de la po litique de classes, des ouvriers qui se disent socialistes, combien de voix ontils obtenues dans tout Paris? Que l’on nous parle maintenant des dangers des revendications sociales ! A qui fera-t-on croire qu’il y ait là de quoi émouvoir des gens sérieux ? Quant aux deux succès que le comité de protestation a recueillis, et même quant au nombre de suffrages assez difficile à supputer que les candidats de ce comité ont pu recueillir dans les divers quartiers de Paris, voici com ment nous les apprécions : c’est une indication qu’il ne faut pas négliger ; nous sommes avertis par là de Vindis pensable nécessité du maintien de la politique d’union. L’ennemi n’est pas assez fort pour vaincre , mais il est tou jours là, vigilant et aux aguets ; il épie nos fautes et spécule sur nos divisions. Il n'y a pas d'autre danger pour nous que celui-là. Heureusement que la sa gesse, le patriotisme, l’attachement de la France à la République sont là pour nous préserver. Nous disons « la France», parce que c’est bien d’elle qu'il s’agit, de la France des départe ments comme de la France de Paris, car les élections des départements con firment celles de la capitale....