Extrait du journal

GARE A LA RAGE On recommence à parler de la rage. Les faits divers des journaux ont enregistré, ces jours-ci, un certain nombre d'accidents dus à des chiens enragés. Le Bulletin sa nitaire du service des épizooties nous ap prend, d’autre part, que, pendant le mois de janvier, on a constaté 35 cas de rage dans le département de la Seine, dont 29 à Paris. Pendant l’annee 1894. on avait abattu, dans le département de la Seine, 326 chiens et 15 chats enragés. Pourquoi cette recrudescence dans les cas de rage? Simplement parce qu’on n'ap plique pas les règlements de police. En 1892, on était arrivé, par l'application des règlements, à réduire les cas de rage dans des proportions inconnues jusqu’alors. On a cru que tout était désormais fini et on a laissé à nouveau les chiens errer en toute liberté et colporter à droite et à gauche les germes de la maladie. Alors qu’en 1892 on avait saisi, à Paris et dans la banlieue. 26,502 chiens errants, en 1894 on n’a saisi que 6,699 chiens vagabonds, sur lesquels ou en a abattu 6,249. Le nom bre des chiens saisis est tombé au tiers de ce qu’il était. Et pourtant la proportion des chiens errants est toujours aussi considéra ble qu’autrefois, comme chacun peut s'en convaincre. La surveillance est donc absolument in suffisante. Et voilà le seul motif pour le quel la rage reprend sa marche ascen dante. C'est un fait absolument démontré par l’expérience qui en a été faite partout ail leurs. La préfecture de police a te devoir étroit, en présence du danger imminent, de re trouver son ancienne énergie. Qu’eUe fasse une guerre acharnée aux chiens vaga bonds, qu’elle ne se laisse pas arrêter par les criaille ries sentimentales qui pourront se produire, et elle aura bien mérité de la population. Henry Sagnier....