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La République française, 15 novembre 1879

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La République française
15 novembre 1879


Extrait du journal

syllabe à y changer ! Retirez au moins « cœur léger », lui crie-t-on. Non, il ne le retire pas, il ne retire pas un mot qui est son honneur et sa gloire ! Tout s’est effondré autour de lui ; cela ne l’émeut pas ; il sourit béatement et se console en citant une phrase de Salluste ou une maxime de Guichardin. C ’est un phénomène vraiment curieux de contentement de soi. Quand M. 01livicr cite un de scs discours ou une de scs lettres, il ajoute placidement : « Cos raisons parurent sans réplique. » A qui ? A lui-même, et cela lui suffit Il croit encore à sa conception do l’empire libéral ; il en est encore à ses entretiens avec feu Clément Duvcrnois où fut maquignonnée l’affaire du '2 jan vier ; ilso voi t toujours partant pour Compiègne, en manteau couleur de muraille, sans lunettes, la figure en fouie dans un épais cache-nez. Ce jourlà il sc crut digne des grands politiques italiens, de Guichardin, de Machiavel dont il a toujours un volume en poche ! Il croit à la vertu du plébiscite, il écrit sans rire que son ministère re leva l’empire et lui donna une vigueur nouvelle. Il ne regrette pas la guerre. 11 reconnaît que lu s suites en ont été fâcheuses, mais il n’y a point de sa faute. D'ailleurs, après les premiers désastres, rien n’était perdu ; tout pou vait encore se réparer. Et comment? Oh ! de la manière la plus simple. Il n'y avait qu’à laisser M. Emile Ollivier aux affaires. C est la crise ministérielle du U août qui a rui né les dernières espérances do la patrie. M.Ollivier, président du conseil, M. de Gramont. ministre des affaires étran gères, n "eussent pas mieux demandé que d’offrir le portefeuille de la guerre à M. Thiers. Mais le Corps législatif les a renversés au moment où ils pré paraient cette ingénieuse combinaison. Ils ne sont donc responsables de rien. Et puis M. Thiers. moins bon patriote que Changarnier, n’aurait probablement pas accepté. Donc, M. Thiers est le vrai, le seul coupable. \ oilà où en est, après neuf ans de méditation soli taire, M. Emile Ollivier ! Le pauvre homme n’a rien compris ni à la nuit du 13 juillet où la guerre fut décidée sans lui, ni à la journée du 9 août où ses amis Clément Duvernois et Jérôme David le jetèrent bas. Ce Machiavel de la rue SaintGuillaume ne s’est pas encore aperçu qu’il a été joué, comme un pur Jocrisse, par le parti de la cour, par les hommes des Tuileries. M. Ollivier, du reste, se pique de la sereine impartialité q ;i est le propre des grandes âmes. * Rendons justice, dit-il, à nus ennemis : il y avait à Ber lin un gouvernement sérieux. » M. Emile Ollivier voulant bien reconnaître du sérieux et quelque capacité à M. de Bismarck, c'est le trait final; cela achève de peindre le personnage !...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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