Extrait du journal

au soir, de la bouche d’élection de cette petite bourgeoise. Mlle Couesdon ne se borne plus à annoncer des guerres et des massacres, ce qui, dans l’état du monde, n’est pas bien malin à prévoir ; la voilà qui se met à révéler, à jet continu, aux Français, la venue prochaine du roi. Il va apparaître, s’écrie la jeune inspirée, et, dans son délire d’ailleurs paisible, elle laisse échapper ceci : Monté sur une haquenée... La France qui aura tant pleuré Sera comme ensoleillée... La bure il a porté Et ne l’a pas quitté... Le robinet, une fois ouvert, ne s'arrête plus. Et il y aura des naïfs pour s’extasier à l’audition de toutes ces niaiseries et qui chercheront à deviner, comme l’écrit ironiquement le très spirituel et visible ment sceptique interviewer,quel doit être ce roi, d’après le signalement qu’en a donné le suppôt en jupons de Gabriel. Voulez-vous ce portrait du roi, le voici : Aspect général, majestueux ; cheveux, blonds cendrés ; front, développé ; yeux. bleus, renfoncés ; sourcils, arqués se touchant ; nez, busqué ; moustache, relevée... Mais nous supposons qu’en voilà assez et nous nous hâtons de tirer le rideau sur toute cette farce qui tourne vraiment à la scie. Pourquoi serait-elle interrompue puisque le logis de la jeune voyante continue à être envahi par la foule des innocents et des niais qui croient que c’est arrivé, puisque les équipages af fluent et que, de temps à autre, au dire de M. Couesdon, il se rencontre un million naire pour demander toujours inutile ment la main de son aimable fille. Eh ! mademoiselle, vous êtes jeune, vous êtes jolie,quoique e des rougeurs un peu vives colorent l'extrémité de votre nez », mariez-vous et consentez enfin à interrompre le cours de vos poésies de mirliton. Pierre^ Souvignô....