Extrait du journal

PARIS, 3 NOVEMBRE Des trois réformes que l’opinion ré publicaine voudrait appliquer au Sénat, — restriction de sa compétence en matière de linances, élection de ses 7 5 inamovibles par le Parlement tout entier, extension du corps électoral qui nomme les ‘225 de ses membres qui représentent les départements et les colonies, — la troisième réforme est peut-être celle qui offre le plus de difficultés et celle aussi qui a été le moins étudiée dans la presse. Ce qui n'a pas été étudié dans la presse ne l’a guère été davantage ailleurs, on peut l’affirmer. Nous autres journa listes, dont bien des députés et des sé nateurs parlent avec une sorte de dé dain, nous avons pour spécialité d’ana lyser tous les problèmes, de triturer toutes les idées, de rechercher par notre labeur anonyme des solutions qui, une fois qu’elles ont subi chez nous l’épreuve de la discussion, s’imposent avec une sorte d’évidence à l’opinion publique et finissent par trouver à la tribune leur consécration. Nous sommes les prépa rateurs de nos maitres les législateurs. Eli bien, donc, l’heure de la révision paraissant proche, il est grandement temps de nous occuper de la réforme de la loi électorale du Sénat. Le Sénat, personne ne le contestera, doit émaner de la seule source de puis sance qui existe dans la République, le suffrage universel, et il ne peut en émaner au même titre ni par le même procédé que la Chambre des députés. A quoi bon deux Assemblées si rien ne les distingue ? La Chambre étant élue directement par le suffrage universel, le Sénat sera donc le produit d’un scrutin à deux de grés. Mais il reste à savoir si les électeurs oui l’éliront seront choisis par le peu ple expressément en vue de cette opé ration, ou s’ils se composeront d’hom mes que le peuple a désignés antérieu rement pour d’autres fonctions encore. La première de ces solutions semble au premier abord la plus naturelle. Dès qu’arrive l’époque du renouvel lement triennal d’une partie du Sénat, le suffrage universel élirait dans chaque département, dans chaque arrondisse ment, dans chaque canton, un certain nombre de citoyens, en proportion stricte avec la population, qui éliraient à leur tour d’après les inspiration de leur conscience et sans mandat impératif les hommes leur parais...